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Ma femme, la députée palestinienne emprisonnée

17avril 5 mai 2015 Commentaires fermés sur Ma femme, la députée palestinienne emprisonnée

Une représentante élue comme Khalida Jarrar, qui est envoyée en prison pendant six mois sans avoir été jugée – de telles choses sont des évènements ordinaires en Israël. Mais il n’y a pas du tout de débat public.

Ghassan Jarrar ne se souvenait plus si Khalida avait emporté ses médicaments. Quand des dizaines de soldats des Forces de Défense Israéliennes sont venus en pleine nuit le 2 avril pour l’arrêter, il était troublé à la pensée que sa femme, députée au Conseil Législatif Palestinien, ait pu lui être enlevée – aussi a-t-il oublié de vérifier si elle avait pris ses médicaments. Maintenant on lui a dit qu’elle les reçoit à la prison.

Les Jarrar sont ensemble depuis 35 ans, depuis qu’ils se sont rencontrés en tant qu’étudiants à l’Université de Bir Zeit, et son amour pour elle jusqu’à ce jour est manifeste. Il a même appelé sa nouvelle usine de mobilier pour enfants de son nom à elle et de celui de leurs deux filles : “SKY” (“CIEL)” est une abréviation de Suha, Khalida et Yifaa.

Les deux filles, soit dit en passant, sont actuellement à Ottawa, au Canada, où elles préparent leur doctorat, Yifaa en droit et Suha en écologie. Elles consacrent aussi leur temps à la campagne internationale pour que leur mère soit libérée d’une prison israélienne.

A l’étranger, l’arrestation de Khalida Jarrar a suscité une vague de protestation parmi des groupes militants divers, mais en Israël, elle a été accueillie avec indifférence– que ce soit à la Knesset, dans les associations locales de femmes, dans les médias ou parmi le grand public. Jarrar n’est pas seulement une législatrice, une militante des droits de l’homme, une féministe et une combattante pour la liberté – elle est aussi la représentante palestinienne au Conseil de l’Europe, un organisme international encourageant la coopération entre les pays européens dans différents domaines. Toutefois, aucune de ses activités ne lui offre l’impunité contre les autorités israéliennes d’occupation, qui peuvent jeter en prison une représentante élue, même sans jugement, après avoir envahi et perquisitionné sa maison comme ils l’entendent, avoir ordonné de la chasser de sa propre ville et l’avoir empêché pendant des années de quitter son pays .

Jarrar n’est pas seule. Seize de ses collègues du CLP sont actuellement dans une prison israélienne – environ un quart des membres du corps législatif– mais Jarrar est la seule femme. Elle est aussi la seule femme sous le coup d’une détention administrative. Une représentante élue en prison sans jugement – de telles choses sont devenues des évènements quotidiens en Israël et ne donnent lieu à aucun débat du tout, ni à aucune question.

Nous avons rencontré Ghassan près de l’entrée du camp de réfugiés de Balata, près de Naplouse ; son usine est toute proche, à Beit Furik. La maison des Jarrar est à Ramallah. Nous sommes passés par Balata en direction de l’Est pour atteindre l’usine SKY – une sorte de temple miniature de rêves de gosse. Dans les bâtiments de production colorés en face des poulaillers modernes de Beit Furik, l’usine de Jarrar fabrique du mobilier pour les enfants et des jouets recouverts de fourrures synthétiques chinoises aux couleurs vives. Dix-huit salariés, dont certains sont actuellement partis en pèlerinage à la Mecque, construisent et garnissent les articles pleins de charme.

Ghassan, aussi, est un homme plein de charme, à la nature douce et sympathique. Il a passé 11 ans “derrière les barreaux israéliens”, selon sa propre expression. Les autorités sont venues l’arrêter 14 fois, et le plus loin où il est allé en voyage en 55 ans est la Prison de Ketziot dans le Néguev, bien que lui et sa femme détiennent tous les deux des passeports diplomatiques en vertu de son statut à elle de membre de l’assemblée législative. Il a déjà aussi été interdit à Khalida de quitter le pays, bien qu’elle soit invitée à d’innombrables rencontres et congrès à l’étranger .

Ghassan parle couramment anglais et hébreu, et vend la majeure partie de la production de son usine, qui a été créée il y a deux ans, sur le marché israélien. Parmi les superbes balançoires, lits, banquettes, animaux en peluche et commodes – tous recouverts de fourrures de couleur rouge, rose, blanche ou noire – nous avons parlé de Khalida.

Elle a été élue au CLP en 2006, la dernière fois où des élections ont eu lieu, après s’être présentée sur une liste qui portait le nom d’Abou Ali Mustafa, le dirigeant du Front Populaire de Libération de la Palestine dans les territoires, qu’Israël a assassiné en 2001. La majeure partie de son activité au Conseil était consacrée au combat pour libérer les prisonniers et, récemment, à la préparation de la requête de l’Autorité Palestinienne au Tribunal Pénal International de la Haye – et c’est manifestement la vraie raison de son éloignement hors de chez elle l’année dernière et de sa détention plus récente.

Le 19 août dernier, en pleine nuit, des soldats sont venus chez elle. Cette nuit-là, Ghassan dormait dans son usine à Beit Furik, ce qu’il faisait de temps en temps, et les soldats ont remis à Khalida un ordre d’éloignement à Jéricho pour une durée de six mois, signé par le commandant régional des FDI.

Jarrar a refusé, en disant aux soldats : “Je ne relève pas de votre autorité. Je suis députée au Parlement palestinien, et j’ai un gouvernement.” Elle les a informés qu’elle n’avait pas l’intention d’obéir à leur ordre et de se laisser expulser de sa maison, de sa ville et du Parlement auquel elle avait été élue. Les soldats l’ont menacée d’arrestation si elle n’obéissait pas. Elle a déclaré qu’ils pouvaient la placer en détention séance tenante.

Le lendemain elle a installé une tente de protestation dans le bâtiment du CLP, et elle y est restée pendant un mois. A l’étranger a commencé une campagne contre son expulsion. Jarrar ne s’est pas pliée à l’ordre d’éloignement et a continué son activité et sa lutte à Ramallah. Au début de ce mois, le 2 avril, plusieurs dizaines de soldats sont à nouveau venus en pleine nuit, cette fois pour l’arrêter. Ils ont enfoncé la porte d’entrée, mais Ghassan dit qu’ils n’ont endommagé aucun bien, et qu’ils n’ont pas eu de comportement violent.

Ghassan déclare qu’il a demandé au “Capitan Yihye” du service de sécurité du Shin Bet, qui dirigeait l’opération : “Etes-vous content de votre travail ? Est-ce ce que vous avez toujours voulu faire ? Entrer la nuit par effraction chez quelqu’un ?”

Ghassan raconte aussi qu’il a entendu le Capitaine Yihye dire à Khalida : “Nous sommes venus chez vous gentiment et vous avez refusé : Quiconque n’obéit pas à nos ordres doit être puni.”

Les soldats ont cherché à empêcher Ghassan d’embrasser sa femme avant qu’elle ne soit emmenée, mais le capitaine est intervenu et a donné son autorisation.

Personne n’a dit à Ghassan où ils emmenaient Khalida, ni pourquoi. L’après-midi suivant, l’avocat de celle-ci l’a informé qu’elle était au centre d’interrogatoire du Shin Bet à la Prison d’Ofer. Ghassan déclare que sa femme n’a pas collaboré avec les interrogateurs, ni répondu à aucune des questions qu’ils posaient, ni même donné son nom. Elle a été placée en détention administrative pour une durée de six mois, et a été transférée à la Prison de Hasharon..

Le 7 avril, elle a comparu devant un juge militaire à Ofer pour la ratification finale de son ordre de détention administrative, dans une séance tenue à huis clos.

Au début, les autorités israéliennes n’ont pas autorisé Ghassan à voir sa femme ; ce n’est qu’après l’intervention de deux députés israéliens (Aida Touma-Suliman et Ahmad Tibi de la Liste Arabe Unie) qui sont venus au tribunal, qu’enfin il a pu le faire, pendant un court moment. De loin, Khalida a demande des nouvelles de leurs deux filles.

L’audience de ratification de l’ordre de détention a été ajournée. Pendant ce temps, à l’étranger, des pétitions et des lettres de protestation ont été envoyées au Ministre de la Défense Moshe Ya’alon contre ce qui est considéré comme l’arrestation arbitraire de la députée Jarrar. Alors le 15 avril, l’accusation militaire a tout d’un coup décidé de déposer un acte d’accusation contre elle, parallèlement au débat sur sa détention. L’acte d’accusation n’énumère pas moins de 12 atteintes à la sécurité, parmi lesquelles l’appartenance au FPLP et l’incitation à enlever un soldat comme moyen de négociation pour la libération de prisonniers.

Israël a décidé de poursuivre deux voies en même temps pour s’assurer, quoiqu’il arrive, que Jarrar restera en prison. Dans les jours suivants, les débats continueront sur l’ordre de détention et sur les délits dont elle a été accusée. En attendant, Ghassan a la permission de lui envoyer à la prison deux livres à la fois ; ce n’est qu’après leur retour qu’il est autorisé à lui en envoyer d’autres . Il lui envoie un ouvrage politique et un ouvrage littéraire.

Gideon Levy, Haaretz, samedi 2 mai 2015

(traduit de l’anglais par Y. Jardin, membre du GT sur les prisonniers de l’AFPS)

http://www.france-palestine.org/Ma-femme-la-deputee-palestinienne-emprisonnee

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