La Tribu Yaqui a depuis des siècles lutté contre le pillage et le vol des eaux et du territoire. Leur histoire est remplie d’invasions, de menaces, d’humiliations, de guerres, d’expulsion, de répression ; nombreux et nombreuses ont été ceux et celles qui ont défendu coûte que coûte la terre, la rivière Yaqui, leur territoire ancestral des mains de ceux qui avaient le pouvoir, leur lutte a été constante et sans relâche contre la destruction et la mort.
Dans ce contexte, en septembre 2014, Mario Luna, porte-parole et secrétaire de l’Autorité Traditionnelle Yaqui, adhérent à la sexta déclaration de la forêt lacandonne, a été arrêté par des éléments habillés en civil, et par la suite, présenté à la prison de Hermosillo où il se trouve aujourd’hui derrière les barreaux. Il a été accusé de séquestration aggravée et vol de véhicule. Cette accusation contre le porte-parole de la tribu est utilisée comme argument pour emprisonner tous ceux et celles qui comme Mario ne cessent de se battre pour la défense de leur propre vie. Par la persécution et la prison, l’Etat de Sonora essaie d’intimider la tribu pour qu’elle renonce à sa lutte contre le pillage. La persécution s’est poursuivie et le 23 septembre dernier un autre membre de la tribu, Fernando Jiménez, a été également arrêté et accusé de séquestration et de vol de véhicule. Tous deux ont fait appel -en ne pouvant pas sortir sous caution- et attendent leur procès.
Métaphoriquement pour les yaquis, le territoire est un nid, ils l’appellent : toosa. Son représentant principal est le « kobanoa » : la tête de l’oiseau qui l’habite; le peuple – assemblée communautaire – qu’ils appellent masam ou tea: les ailes de l’oiseau. Le peuple Yaqui se voit lui-même comme une unité : corps – tête – ailes qui s’articulent dans l’image d’un oiseau, un corps qui décide et agit d’une forme conjointe, pour le peuple Yaqui, le secrétaire n’a pas d’existence métaphorique. Le secrétaire n’est pas une figure de l’histoire traditionnelle, il a fallu l’inventer pour pouvoir parler aux yoris, c’est-à-dire aux blancs. Et pendant longtemps sa fonction n’a pas été importante : on requérait d’un jeune, quelqu’un qui savait bien lire et écrire et surtout qui avait l’endurance et la patience d’aller et revenir des bureaux du gouvernement étatique et fédéral. Mario était non seulement le porte-parole et représentant de sa tribu, de son peuple, il a été aussi le secrétaire, et comme d’autres membres de sa tribu, il est à son tour humilié par les yoris, aujourd’hui les autorités gouvernementales qui continuent de mener la guerre.
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