[Mexico] Des nouvelles de Fernando Sotelo : interdiction de visites suite au décès d’un compagnon de cellule.
« … À un peu plus d’un an de mon emprisonnement, j’aurais pu seulement m’exprimer du point de vue de la « justice » à laquelle ils me soumettent en raison de ma présumée « délinquance ». Cependant la prétendue leçon donnée par l’appareil judiciaire et ses serviteurs (juges, commissariats, policiers, matons) est beaucoup plus vaste. Il faut vivre dans une prison de la ville de Mexico pour se rendre compte d’une réalité pourrie et très similaire à la liberté relative que vit la société du dehors. En tant que prisonnier, ils m’ont séparé de la population et je survis relativement et meurs par lassitude. Dehors, c’est pareil. Je vis la violence systématique des matons et celle de la classe « délinquante » qui, au final, n’est que la reproduction de la merde de là-haut. Malgré tout cela, la solidarité ne disparaît pas, car elle est une option nécessaire et souhaitable. »
– Luis Fernando Sotelo –
Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste,a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des étudiants disparus d’Ayotzinapa. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’atteinte à la paix publique, d’attaques aux voies de communication et dégradations. Quatre entreprises privées et le gouvernement de la Ville de Mexico, demandent à Sotelo de payer une somme effrayante de 13 millions de pesos, l’équivalent de 685 700 euros de dommages et intérêts. Cela signifie que Fernando sera soumis à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico. À présent, les avocats solidaires et la famille mènent une lutte acharnée et ardue contre le système judiciaire.
Aujourd’hui, 17 février 2016, le compañero Luis Fernando Sotelo Zambrano nous a averti que les visites lui avaient été supprimées.
Il avait récemment évoqué la situation dans laquelle se trouvait un autre prisonnier détenu avec lui dans la prison Sud et nous avait fait part de sa préoccupation et de son indignation ; il s’agissait d’un prisonnier assez âgé, qui ne se souvenait pas de nombreuses choses, et avait des pertes de mémoire passagères . Face à cette situation Luis Fernando exprimait la nécessité de transférer cet homme vers un autre endroit dans des conditions adaptées à sa survie, de plus, n’ayant pas de lit, le vieil homme devait dormir par terre, ce qui lui occasionnait de fortes douleurs dans tout le corps. Il y a quelques jours, ce monsieur est décédé. Certains prisonniers disent que le vieil homme a été transféré à la C.O.C (Centre d’Observation et de Classification) et qu’une fois là-bas, les matons l’ont mis à faire la « fajina» ce que son corps n’a pu supporté (La fajina consiste à obliger les prisonniers à faire, entre autres, des exercices physiques exténuants auxquels les prisonniers sont soumis plusieurs fois par jour, la plupart du temps à l’aube, ce pourquoi ils sont rackettés).
Dans ce contexte, le mardi 16 février, pendant les heures de visite, Luis Fernando et d’autres compagnons ont suggéré aux autres prisonniers et aux visiteurs de ne pas se laisser racketter; la réaction a été positive ce qui a permis d’éviter de payer pour l’appel, la visite, la « fajina », entre autres. Suite à ces actions, Luis Fernando a été convoqué par le conseil technique de la prison lui annonçant qu’il était sanctionné sans droit de visite, en raison d’une supposée organisation d’émeute.
Le compagnon et ceux qui s’organisent avec lui n’ont rien fait d’autre que de refuser de payer des rançons illégales ou de se soumettre à la torture, qui là-dedans, est quotidienne et ce, en toute connaissance des autorités pénitentiaires qui laissent faire, et même au contraire, punissent et répriment tous ceux qui s’y opposent.
Le 10 février 2016, Luis Fernando a été informé que le juge [32 en matière pénale] a confirmé à nouveau la décision de mise en détention pour délits d’atteintes à la paix publique, attaques aux voies de communication et dommage à la propriété. C’est ainsi que la demande du juge de district de réexaminer la décision de mise en détention prononcée antérieurement a été appliquée, bien que la décision avait été déclarée non recevable car sans fondement juridique valable. De cette façon, le processus juridique du compagnon devra recommencer du début.
Traduit par les trois passants / correction Amparo
Source : Cruz Negra Anarquista de Mexico
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Une lettre pour Luis Fernando Sotelo Zambrano !
Si vous voulez écrire à Luis Fernando Sotelo Zambrano, envoyez vos messages à : fernandosotelolibre@riseup.net
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