Prisonnières politiques basques, MAF de Fleury-mérogis, le 3 avril 2016
Nous les prisonnières politiques basques incarcérées à la MAF de fleury-mérogis, nous adressons à vous pour vous informer des changements effectués à la MAF avec l’excuse de la mise en route d’un nouveau logiciel qui vise à égaliser les conditions de vie dans l’ensemble de la prison. Ce nouveau fonctionnement touche les jours de parloir, l’accès à la salle de sport, et surtout, à la promenade.
En ce qui concerne les parloirs nous constatons qu’une fois de plus, comme cela avait été fait il y a 8 mois, il y a eu un changement des horaires et une suppression de jours en nous prévenant seulement 15 jours à l’avance, en sachant que nos proches viennent de loin et que l’achat des billets des transports publiques et les réservations d’hébergement pour le mois d’avril ont déjà été faits. La suppression des parloirs des mardis et des vendredis a un grand impact sur nos visites puisque cela empêche nos proches de profiter le long voyage pour faire deux, voire trois, parloirs d’affilé. Une fois de plus nos proches ont dû annuler les billets d’avion et la réservation d’hôtel avec les pertes économiques que cela suppose, lesquelles viennent s’ajouter au grand coût, autant économique que personnel, que la politique de dispersion a pour nos proches et pour nous mêmes depuis des années et des années.
En ce qui concerne la promenade à la MAF il a été mis en fonctionnement un système similaire à celui qui est en vigueur à la MAH, c’est à dire une seule promenade par jour avec alternance matin et après-midi selon le jour soit pair ou impair. En fait depuis quelques années nous assistons à une brutale restriction du temps des promenades. En effet, en 2009 (et nous étions déjà la!) nous avions en horaire d’été 1 heure de promenade le matin et 3 heures les après-midi. Maintenant nous passons de même pas 3 heures de promenade par jour à … 2 heures par jour!! 2 heures qui ne sont même pas réelles puisqu’il faut compter le temps des mouvements dans ces horaires et maintenant il va falloir sortir non 2 ailes mais 3 (parce que toutes les condamnées sortiront en même temps), ce qui peut prolonger les mouvements de plus de 20 minutes pour les dernières.
Tout cela suppose pour nous, les prisonnières, d’être enfermées dès 11 heures du matin en plein été, dans une cellule où la fenêtre ne s’ouvre que de 10 centimètres, sans douche ni frigo, à attendre la promenade de l’après-midi du lendemain (prévue à 13h15). Ce régime est comparable à un régime disciplinaire. Ces mesures sont inhumaines et le fait de vouloir nous enfermer 26 heures d’affilé, sans prendre l’air, sans communication entre nous, sans marcher ou discuter, et surtout le week-end que nous n’avons ni sport ni activité, nous le percevons comme un fait très grave. Ces mesures vont à l’encontre de la dignité humaine et à notre avis représentent une atteinte aux droits de l’homme.
A toutes ces restrictions il faut ajouter les changements à la salle de sport car la direction veut séparer les prévenues et condamnées. En fait maintenant nous ne pouvons plus choisir d’aller au sport soit le matin soit l’après-midi, maintenant nous avons droit à un seul créneau par jour en fonction de la promenade, et évidemment l’accès à la salle est limité à une trentaine de personnes, celle qui n’est pas sur la liste restera enfermée en cellule… En plus si nous avons d’autres occupations comme les études, les activités, ou les parloirs qui nous empêchent d’aller à la salle, et même en promenade, nous sommes obligées de renoncer à l’activité physique ou à prendre l’air.
Franchement, la mise en fonctionnement d’un nouveau logiciel nous semble un argument très faible pour justifier une telle dégradation de nos conditions de vie, surtout quand la séparation entre condamnées et prévenues et pratiquement impossible dans une prison de ces caractéristiques : la séparation ne va pas s’effectuer pour l’école,ni les parloirs, ni les ateliers ni les activités. L’argument de la direction est de vouloir empêcher le « trafic » et pour cela la solution c’est l’enfermement en cellule et l’isolement entre nous.
Depuis des mois nos conditions matérielles se sont dégradées, nous n’avons même plus la trousse mensuelle, plus de service de lingerie, plus de coiffure, la télé a presque doublé son prix en 3 ans, pas de frigo, pas de douche en cellule… et maintenant ce sont les conditions de vie qui touchent notre santé autant physique que psychique. Ici la direction continue à serrer l’étau afin de limiter les mouvements et les échanges entre nous, et de contenter les surveillantes lesquelles, tout soit dit en passant, auront maintenant tout leur temps pour rester assises à rien faire.
Face à tous ces changements nous ne sommes pas restées les bras croisés.Nous avons participé d’un mouvement collectif réalisé le dimanche 3 avril, le jour avant de la mise en route de ce nouveau système. Ainsi, dimanche après-midi plusieurs tours de promenade ont été bloqués, autant côté prévenue que condamnée.
Côté condamnée (au premier tour) 26 femmes sommes restées à la fin de la promenade. Même si nous avons annoncé que le blocage serait de 10 minutes finalement nous sommes restées une bonne vingtaine de minutes entourées de filles qui criaient par la fenêtre et tapaient sur les portes. Bien sûr, des chef et gradées (et même le directeur adjoint) sont venus à la porte nous menacer « qu’ils prendraient des dispositions ». Rien de nouveau, c’est la seule chose qu’ils savent faire : nous menacer avec des représailles. Nous leur avons donné la feuille de revendications signée par plus de 45 personnes (d’autres feuilles tournent encore). Pendant que nous bloquions, les filles du côté prévenue bloquaient aussi, et nous avons regardé amusées les chefs qui surveillaient le mouvement clairement dépassées par la situation.
Les mineures, qui sont en ce moment une bonne douzaine, ont spontanément décidé de bloquer la promenade aussi. Elles sont restées pendant 10 minutes à chanter et danser pendant que les chefs (qui ne sont pas sortis en promenade avec les majeures), sortaient pour les faire rentrer. Simultanément, le deuxième tour de promenade du côté prévenue a bloqué aussi. Nous ne savons pas encore combien de femmes ont participé de ce blocage, nous savons que minimum 4 tours de promenade ont suivi. Une fois toutes enfermées en cellule un grand tapage de portes a commencé et toute la prison s’est convertie en une grande protestation sonore. Cela a tapé partout pendant presque une heure sans interruption. Les chefs et gradées sont venues ouvrir quelques portes pour nous menacer à nouveau : « Si vous continuez à taper vous finirez au mitard ». On tremble.
Finalement, nous avons réalisé un refus de plateau collectif.
Nos demandes sont de maintenir les deux tours de promenade matin et après-midi, surtout pour le week-end. Nous vous informerons de la suite du mouvement. Pour l’instant nous faisons un appel à la solidarité de l’extérieur avec l’envoi du texte qui suit par courrier, e-mail ou fax au directeur adjoint de la MAF :
« M. Parscau, Les conditions de vie que vous voulez imposer à la MAF de Fleury-Mérogis constituent une atteinte à la dignité humaine. Le système de promenade unique et alternée suppose un enfermement (dans une cellule sans aération, sans douche et sans frigo) qui peut se prolonger pendant 26 heures les jours où il n’y a pas d’activité ni sport (ce qui arrive souvent), et surtout le week-end. Je réclame des condition dignes et que les demandes des prisonnières soient prises en compte. »
Adresse: M.Parscau – Directeur adjoint à la MAF MAF de Fleury-Mérogis
9, Avenue des Peupliers 91 705 Saint-Geneviève-des-bois Cedex
Fax:0033-169460336
E-mail:ce n’est pas posssible
Prisonnières politiques basques incarcérées à la MAF de Fleury-mérogis
Prisonnières politiques basques, MAF de Fleury-mérogis, le 11 avril 2016
Bonjour,
Une grosse salutation de la MAF de Fleury-mérogis à toute l’équipe de l’envolée avant de commencer.
Aujourd’hui nous vous écrivons pour vous informer de la suite du mouvement contre l’implantation du système de promenade unique qui a démarré le dimanche 3 avril. Ce dimanche-là, comme nous vous l’avions déjà raconté, 4 tours de promenade ont été bloqués pendant plus de 10 minutes. En tout, plus de 80 personnes avons participé à ces blocages. Au tapage de portes a suivi un refus de plateau et à peu près 100 signatures ont été envoyées aux chefs. Lundi et mardi les blocages ont continué avec des affiches en promenade en mobilisant une cinquantaine de personnes. Et pendant ces jours l’administration pénitentiaire a fait, bien sûr, son boulot de flic. Toutes les femmes qui avons participé aux blocages nous sommes faites appeler par le chef et chacune d’entre nous a eu droit à sa menace personnalisée. La menace principale concerne les RPS, après le changement d’affectation et les transferts disciplinaires, et finalement la commission disciplinaire et le mitard. Le directeur adjoint et le chef de détention nous ont reçu pour nous dire qu’ils n’ont pas l’intention de revenir sur le système de 2 promenades par jour et qu’ils sont entrain d’analyser si c’est possible de le faire pour le week-end, mais ils voulaient absolument qu’on arrête le mouvement avec la menace de représailles le cas contraire. A leur dire, ils vont fairequelques « ajustements » pour les personnes qui vont à l’école (ce qui n’arrange rien et concerne très peu de femmes). Mais pour le reste ça se maintient comme ça. Comme ils ont vu que le mouvement continuait ils n’ont pas appliqué, pour l’instant, la séparation entre prévenues et condamnées pour la salle de sport.
De notre part nous avons fait des nouvelles propositions (accompagnées des signatures) qui peuvent bien se mettre en place en gardant le système actuel : Nous nous sommes montrées prêtes à accepter la promenade unique mais à condition que pour les jours où nous sortons l’après-midi nous enchaînions notre tour de promenade avec celui des travailleuses, c’est à dire, de 13h15 à 17h30, et surtout de garder les deux tours de promenade pour le week-end. Ce qui pour l’instant a été refusé en disant que 4 heures de promenade leur semblait beaucoup, que dans la loi c’est marqué une heureet comme ils sont si généreux ils nous en « donnent » deux. Après avoir passé toute la semaine avec ce nouveau système nous avons constaté qu’en comptant les mouvements ces deux heures deviennent en pratique 1h30-1h40. Mais ce changement touche plus d’aspects que nous le pensions auparavant.Maintenant nous sommes 3 ailes à sortir ensemble ou à rester enfermées en même temps ce qui veut dire que du côté condamnée nous sommes à peu près 80 personnes pour 2 seules cabines téléphoniques. Résultat : appeler devient une chimère. Pour limiter encore plus les mouvements des prisonnières, maintenant il n’y a plus de premier appel, c’est à dire, impossible de sortir prendre l’air une petite heure et enchaîner avec une activité ou le sport qui pourrait prolonger un peu le temps qu’on reste hors de la cellule. Résultat : il n’y a presque plus personne aux activités, ce qui, bien sûr, les arrange bien. En plus, maintenant le médical fonctionne par rendez-vous et si celui-ci coïncide avec la promenade on reste bloquée en cellule sans pouvoir sortir en promenade ni aller au sport.
Dans un courrier antérieur nous vous disions que maintenant les surveillantes auraient tout leur temps pour rester assises à rien faire,excusez-nous de notre naïveté, La nouvelle occupation des surveillantes c’est les fouilles de cellule. Depuis la mise en place de ce nouveau logiciel tous les jours il y a des fouilles dans toutes les ailes. Les premières à y avoir droit avons été celles qui avons participé aux blocages. Le mouvement de protestation continue malgré les menaces. Ainsi le samedi 9 avril nous avons mis une grande pancarte en promenade et nous avons bloqué à nouveau pendant 10 minutes. Côté condamnée nous étions 23, avec quelques désertions de dernière minute quand les gradés sont sortis faire la pression. Côté prévenue 35 femmes sont restées. Dimanche nous étions 15 personnes du côté prévenue. Nous savons qu’il y a eu plein de lettres de solidarité qui ont été envoyées et nous espérons que cela continuera jusqu’à l’obtention de nos demandes.
Ici, nous continuerons à nous battre contre ce système assassin qui nous étouffe de plus en plus. Les menaces font leur effet sur quelques unes, bien sûr, mais il ne faut pas oublier qu’ils peuvent s’acharner sur des personnes isolées, mais ils ne peuvent pas déplier leur machinerie répressive quand nous restons ensemble et soudées. Merci de votre soutien et attention.
A bientôt.
Prisonnières politiques basques, MAF de Fleury-mérogis, le 4 mai 2016
Bonjour, Nous vous écrivons de la MAF de Fleury-Mérogis pour vous informer des changements effectués par la direction concernant les horaires de promenade après le passage au système de promenade unique et de la suite des mouvements que nous, les prisonnières, avons réalisés.
Nous constatons que le but de l’Administration Pénitentiaire est de restreindre les mouvements des prisonnières au minimum. Le système mis en place nous oblige à choisir entre prendre l’air 2 petites heures ou réaliser une autre activité que ce soit sportive ou culturelle. Si notre activité, et même notre parloir, coïncide avec la promenade ce jour-là nous ne sortons pas. Le week-end, comme nous vous l’avions déjà communiqué, il n’y a pas d’activités et, par contre, il y a souvent des parloirs, alors nous restons enfermées en cellule pendant des heures et des heures à attendre la promenade du lendemain.
Alors nos demandes sont soit de remettre en place les deux promenades par jour, soit de prolonger le temps de la promenade de l’après-midi.
Après les protestations que nous avons réalisées ces dernières semaines le directeur adjoint, M. Parscau, nous avait demandé du temps pour faire quelques « ajustements » et pour réfléchir sur nos demandes concernant le week-end. Pendant ce temps quelques blocages ont été réalisés. Le week-end du 16 avril nous étions 6 personnes du côté condamné et 34 du côté prévenu encouragées par le soutien reçu de l’extérieur. Ce samedi-là nous avons entendu les cris des manifestant-es au loin et de l’intérieur nous avonsessayé de nous faire entendre, ce qui nous a valu d’être escortées jusqu’aux parloirs sous la menace d’interrompre nos parloirs si nous persistions à crier.
Nos proches nous ont transmis avec joie l’ambiance de l’extérieur, pour eux aussi c’est important de sentir que nous ne sommes pas seules dans notre lutte.Et pendant ce temps la répression a continué. La Commission d’Aménagement des Peines (CAP) du mois d’avril est passée.
Des permissions de sortie et l’octroi de remise de peines ont été refusés pour plusieurs femmes ayant participé aux blocages. Après il s’est avéré qu’il y avait des documents manquants ou d’autres raisons pour ces refus, mais ils se sont bien chargés de noter les blocages comme en étant la cause.
De notre côté nous avons décidé de rester systématiquement les deux heures en promenade, pas une minute de moins, ce qui nous coûte des tensions et des rapports au quotidien, mais au moins nous avons constaté que les matonnes ne se permettent pas de raccourcir autant le temps de la promenade. Finalement, le résultat des profondes réflexions de la direction est arrivé et les « ajustements » se sont traduits par la mise en place d’un premier appel et la possibilité de réintégrer la promenade si on se trouvait ailleurs à condition qu’il reste au moins 20 minutes avant la fin.
Concernant le week-end… maintenant les samedi et dimanche nous sortirons les après-midi de 15h00 à 17h00 !! C’est à dire que maintenant nous passerons toute la matinée enfermées. Ce changement n’arrange en rien notre situation, et pire, nous montre que la direction reste fixée sur le système de promenade unique de deux heures.Pas étonnant, avec ces gens c’est impossible de raisonner. Nous parlons de conditions de vie dignes, ils parlent de règlement. Nous parlons d’entraide, de partage, eux parlent de « trafic ».Nous parlons d’humanité, ils parlent de textes de loi. Nous parlons de besoin de communiquer, de discuter, de se rencontrer, eux parlent de sécurité et d’isolement. Ils font leur loi, ils créent des systèmes de contrôle qui naissent des besoins de réprimer les problèmes qu’ils ont eux-mêmes créé, c’est la machine qui s’alimente elle-même.
C’est en nous menant à bout et en créant des tensions qu’ils justifient leur dérive sécuritaire et répressive.Nous continuerons à nous battre pour des conditions dignes à l’intérieur comme vous le faites à l’extérieur.
En espérant vous entendre à nouveau le samedi prochain nous envoyons une forte accolade enragée et solidaire à toutes celles et ceux qui luttent et résistent.
Le soutien à Paris
Samedi 16 Avril 2016
Samedi nous nous sommes retrouvé-es à 13h devant la Maison d’Arrêt des Femmes de Fleury-Mérogis. Le centre pénitentiaire de Fleury c’est un complexe énorme qui s’étale le long de l’avenue des peupliers, les femmes sont tout au bout de cette voie sans issue.
Nous étions 60 ! La plupart des gens s’y sont rendus par leurs propres moyens, toutefois un départ groupé était prévu à 11h place de la République. Nous étions une douzaine dans une place vidée et massivement occupée par les flics…
Devant la MAF les premières familles et ami-es de détenues attendent le tour de parloir. Le temps que tout le monde arrive, on tracte, on discute avec les proches qui sont surpris et contents de voir un rassemblement en solidarité avec les femmes incarcérées devant les portes de la prison. C’est assez rare…
On sort des banderoles, on commence à faire du bruit, à crier des slogans sur le rythme d’une percussion et de quelques pétards « des parloirs tout le temps, des promenades tout le temps, téléphone tout le temps, liberté tout de suite », « de l’air pour les prisonnières », « vos logiciels on s’en fout on veut plus de prisons du tout ! » (etc), et en basque aussi « presoak kalera, amnistia osoa » ! Certaines entonnent l’hymne du Mouvement de Libération des Femmes !
La voiture de ronde de la prison nous observe de loin mais finit par repartir. Pas de flics, pas de matons.
Une brève averse nous replie sous le auvent de l’accueil des familles, certain-es se payent un café à la machine. Et puis c’est reparti de plus belle ! D’autres personnes arrivent au fur et à mesure pour le 2ème et dernier tour de parloir. C’est l’occasion de discuter encore.
A l’approche de 15h le premier tour de parloir sort, on les accueille avec énergie, certain-es nous saluent et reprennent nos slogans. On attend que le dernier tour de parloir rentre à son tour pour lancer un dernier pétard et partir en manif jusqu’à la maison d’arrêt pour hommes. Là-bas il y a beaucoup plus de monde à l’entrée des parloirs, les gens sont curieux et enthousiastes. Un fourgon cellulaire de la pénitentiaire est hué. Il est 15h30, avant de partir on raconte un peu pourquoi on est là et les gens écoutent avec beaucoup de sympathie !
On attend des nouvelles, mais déjà on sait que notre solidarité a été entendue de l’intérieur !
Un nouveau rassemblement est appelé samedi 7 mai à 13h00 devant la MAF de Fleury pour soutenir les femmes mobilisées à l’intérieur, moins nombreuses mais tout autant déterminées ! Ne les laissons pas seules dans la lutte et face à la répression ! D’autant plus que toutes les mesures n’ont pas encore été appliquées, et le risque c’est qu’aux premiers signes d’essoufflement l’administration pénitentiaire profite pour imposer la totalité de son régime disciplinaire ! Un petit rappel des événements et quelques nouvelles suivent..
Depuis le 3 avril les femmes détenues à la MAF se mobilisent contre l’Administration Pénitentiaire (AP) qui veut imposer des conditions d’enfermement plus restrictives sous prétexte de la mise en place d’un nouveau logiciel de gestion qui s’appelle GENESIS, et argumentant qu’il s’agit d’uniformiser les conditions de vie pour les hommes et les femmes…
Concrètement, les temps de promenade sont réduits à une seule promenade unique par jour, l’accès à la salle de sport. Retour ligne automatique est restreint, des jours de parloir sont supprimés… Encore une attaque qui, tout en facilitant la surveillance et le contrôle des détenues par l’ AP, vise à détruire les liens entre personnes incarcérées et à les réduire à un état végétatif ( même pas 2 heures de promenade par jour !).
Tout a commencé par des lettres envoyées par des prisonnières politiques basques à l’émission de radio anti-carcérale l’envolée, nous informant de la situation et de la lutte menée à l’intérieur : refus de réintégrer la cellule après la promenade, refus de plateaux repas, tambourinage aux portes, pétitions collectives…
Très vite la direction a exercé des pressions sur les femmes mobilisées : menaces de suppression de remises de peines, de transferts disciplinaires, de mitard…Un rassemblement de solidarité a été organisé le samedi 16 avril devant la prison. 60 personnes étaient présentes !
A l’intérieur on nous a entendu, les femmes ont répondu en faisant du bruit avec des casseroles. Le dimanche qui a suivi, 40 femmes ont bloqué la cour de promenade ; ce qui montre que certaines restent déterminées malgré les menaces de l’AP. Face à cela et aux nombreuses lettres de protestation envoyées de l’extérieur la direction a initié un changement de ton en agitant des promesses (salon de coiffure, frigo…) pour acheter leur docilité. A la Commission d’Application des Peines du mois d’avril, des sanctions sont tombées : permission de sortie refusée pour l’une, remises de peines (RPS) refusées pour l’autre… Ces gesticulations de l’AP, ainsi que le fait que toutes les mesures n’aient pas été appliquées (séparation des prévenues et des condamnées à la salle de sport) montrent que la lutte menée à l’intérieur inquiète la direction. Ne laissons pas seules les prisonnières dans leur lutte et face à la répression !
Continuons de soutenir la mobilisation en relayant l’info, en envoyant des courriers/fax à la direction de la MAF, en venant au rassemblement samedi prochain, et en exprimant notre solidarité chacun-e à sa manière !
Samedi 7 mai 2016
A l’intérieur suite au blocage mené le jour même les premières sanctions sont tombées.
Nous nous sommes retrouvé-es à 13h devant la MAF, arrivé-es par nos propres moyens, ou au départ du rendez-vous de co-voiturage. Nous étions 30, deux fois moins que la première fois mais tout autant d’énergie! Avec quelques instruments de musique, une sono, des tracts, des banderoles… et du soleil ! On reconnaît quelques familles qui attendent le premier tour de parloir à 13h30, toujours aussi contentes de nous voir ! Il n’y a pas beaucoup de monde pour les visites, mais chacun, indigné, écœuré, ou révolté partage le même sentiment d’injustice et d’impuissance face à la prison. Alors on échange quelques mots pour se donner de la force.
Un petit discours pour contextualiser notre présence, la lecture de la dernière lettre reçue, et c’est parti pour faire du bruit ! « solidarité avec les prisonnières, et leur famille, et leurs amie-es », « pas d’régime disciplinaire, de l’air pour les prisonnières », « tout le monde déteste la justice et la prison », des chants (dont un en polyphonie !), des cris, tout fuse !
Entre les deux tours de parloir on décide de partir en cortège jusqu’à la maison d’arrêt des hommes. Là-bas il y a beaucoup plus de monde qui attend le parloir, c’est très dynamisant, les gens se joignent à nous pour taper dans les mains, reprendre les slogans !
On prend la parole pour expliquer notre présence, lire la lettre des prisonnières, ça fait écho à tout le monde et d’ailleurs, quelques personnes s’expriment spontanément pour dénoncer l’humiliation et la violence que les prisonniers et leurs proches subissent, pour dénoncer aussi les peines de prison systématiques pour les petits délits, le manque de moyens et l’absence de réinsertion. On repart vers la MAF plein d’entrain, c’est le dernier tour de parloir, et à 15h c’est le début des promenades pour les détenues. Alors on décide de mettre le paquet avant de repartir vers 15h30 ! On fait du bruit, du bruit, du bruit !
Malheureusement le vent et contre nous et à l’intérieur on ne nous a pas entendu (c’est pour ça que nos voix portaient si bien du côté contraire!)… Il n’y a que les retours de parloir, et le téléphone qui donneront le récit de notre présence.
A l’intérieur plusieurs femmes ont prévu de bloquer la fin de la promenade à 17h, autant côté prévenu que condamné. Mais l’heure arrive, les prévenues résistent jusqu’aux deux heures puis abandonnent, peut-être suite à la pression d’un gradé particulièrement zélé. Du côté des condamnées elles sont 9 à bloquer. Elles bloquent 15 minutes, et comme les chefs arrivent pour leur dire c’est fini, elles restent 15 minutes de plus. Le lendemain, 4 femmes sont convoquées par les chefs pour un rapport d’enquête. Lundi, ces 4 femmes reçoivent une convocation au prétoire (commission disciplinaire) pour le mercredi 14h (un délai de 48h est obligatoire). Mercredi, 3 femmes sont condamnées au mitard, la 4ème au confinement, pour une durée de 14 jours. A priori d’autres commissions disciplinaires pourraient avoir lieu la semaine prochaine…
Face à la répression de l’administration pénitentiaire qui commence à se déployer, soyons solidaires des prisonnières et de leur lutte, continuons d’envoyer/faxer des courriers de protestation à la direction de la maison d’arrêt pour mettre fin à la dégradation des conditions de détention et aux mesures disciplinaires.
Soyons nombreux à écrire aux 4 femmes qui sont actuellement au cachot ou en confinement.
Force, Courage et Détermination !
Source: Paris luttes info :
https://paris-luttes.info/lettre-du-04-mai-2016-depuis-la-5605
https://paris-luttes.info/repression-a-la-maf-de-fleury-5680
https://paris-luttes.info/nouveau-rassemblement-devant-la-5535
https://paris-luttes.info/rassemblement-a-la-maf-de-fleury-5364
https://paris-luttes.info/+-fleury-merogis-+
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