Grève de la faim illimitée pour Abdullah Öcalan

Voici la déclaration du Conseil des Yézidis de Sinjar en Exil qui a pris l’initiative de cette manifestation:

Aujourd’hui, 23 août 2016, nous, membres du Conseil des Yézidis de Sinjar en exil, entamons une grève de la faim illimitée pour le leader kurde Abdullah Öcalan, à Strasbourg, avec le soutien de tous les Kurdes et de nos amis en Europe. Abdullah Öcalan a été kidnappé et livré à la Turquie en 1999, à l’issue d’une entente internationale. Depuis 18 ans, il est détenu dans l’isolement. Depuis le 5 avril 2015, on n’a pas de nouvelles de lui. On ne sait pas dans quelles conditions il est détenu, ni même s’il est encore vie. Il est privé de ses droits les plus fondamentaux, notamment celui de recevoir des visites de sa famille et de ses avocats. Et depuis la tentative échouée de putsch du 15 juillet 2016 et l’instauration de l’Etat d’urgence, plus aucun signe de vie ne provient de l’île-prison d’Imrali où Abdullah Ocalan est emprisonné à vie.

Toutes nos démarches pour obtenir des informations ont été vaines. Le Comité européen pour la Prévention de la Torture (CPT) reste sourd aux demandes de millions de Kurdes, alors même qu’il a le pouvoir de visiter la prison d’Imrali à tout moment, sans autorisation. Compte tenu de cette situation extrêmement préoccupante qui nécessite des actions urgentes, et parce que nous avons le devoir moral d’agir, nous, membres du Conseil des Yézidis de Sinjar en exil, entamons aujourd’hui une grève de la faim qui se poursuivra tant que nous n’aurons pas de nouvelles d’Abdullah Öcalan ou tant que le CPT ne lui rendra pas visite.

Il y a deux ans, dans la nuit du 2 au 3 août 2014, les villages kurdes yézidis situés autour des monts Sinjar ont été assaillis par les gangs terroristes de l’Etat islamique (EI). Des milliers de personnes, en particulier des femmes et des enfants, ont été massacrées ou prises en otage. Près de 5 000 femmes ont été enlevées et réduites en esclavage. Aujourd’hui, l’EI détient encore des centaines de femmes et d’enfants yézidis. Les femmes sont soumises à l’esclavage sexuel et les enfants utilisés dans la guerre. On a découvert de nombreuses fosses communes où sont enterrées les personnes exécutées par l’EI. Ces massacres ont été reconnus par les organisations européennes et internationales comme un génocide à l’encontre des Yézidis. La population de Sinjar a été exposée aux attaques de l’EI, faute de protection par les forces armées du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) qui se sont retirées de Sinjar la veille de l’invasion par l’EI.

Le jour même où l’EI a lancé l’assaut sur Sinjar, les YPG (Unités de Protection du Peuple) et YPJ (Unités de Protection des Femmes), forces kurdes du Rojava (région kurde de Syrie), sont venus au secours de milliers de civils. Grâce à cette intervention, des centaines de milliers de Yézidis ont pu échapper aux massacres. Par la suite, le 14 janvier 2015, les Yézidis du Sinjar, soutenus par ces mêmes forces, ont formé leurs propres unités de défense et, en mars 2015, ils ont annoncé la formation du Conseil de Sinjar en exil. Les Forces de Défense mixtes et féminines du Sinjar (YBS et YJS) sont aujourd’hui reconnues comme des forces de défense légitimes des Yézidis. L’intervention des forces kurdes du Rojava et de la partie du Kurdistan située en Turquie n’aurait pas eu lieu sans l’approche idéologique et les perspectives politiques mises en avant par Abdullah Öcalan qui a toujours considéré les Yézidis comme l’un des plus anciens groupes religieux de Mésopotamie et alerté sur les menaces auxquelles ils étaient exposés, en particulier dans la région de Sinjar. C’est pourquoi, il a constamment exigé des forces kurdes qu’elles soient vigilantes et attentives quant à la défense des Yézidis, particulièrement après la propagation de l’EI.

Il est évident qu’Abdullah Ocalan est le meilleur défenseur des intérêts et de la sécurité des Yézidis auxquels ses perspectives ont ouvert la voie vers l’autonomie et l’auto-défense. Aussi, sa vie et ses conditions de détention sont-elles d’une importance capitale pour nous. C’est pourquoi, nous appelons le CPT à rendre visite à Abdullah Öcalan dans les plus brefs délais.

Nous appelons par ailleurs les institutions européennes à agir pour assurer le droit de visite de la famille et des avocats d’Abdullah Öcalan. Ceci est indispensable compte tenu du rôle primordial d’Ocalan pour l’instauration de la paix et de la stabilité en Turquie et au Moyen-Orient. Nous poursuivrons notre grève de la faim tant que nos revendications ne seront pas satisfaites.

Nous appelons par ailleurs les institutions internationales à reconnaître le droit à l’autogestion des Yézidis en tant que groupe religieux.
Nous demandons à l’Union européenne, l’ONU et les Etats-Unis de soutenir le droit des Yézidis à l’auto-gestion et de reconnaître les YBS et YJS comme des forces d’auto-défense des Yézidis.

Nous appelons l’Union européenne, l’ONU et les États-Unis à soutenir la reconstruction de Sinjar et à fournir une assistance aux réfugiés Yézidis afin qu’ils puissent retourner chez eux.

Conseil des Yézidis de Sinjar en Exil