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Joseba Sarrionandia, écrivain basque exilé depuis des années

EuskalHerria 31 décembre 2016 Commentaires fermés sur Joseba Sarrionandia, écrivain basque exilé depuis des années

Source: Mediabask

 

En profondeur
Joseba Sarrionandia

De Joseba Sarrionandia, écrivain basque exilé depuis des années, on ne connaissait qu’une photo datant d’il y a 30 ans. L’homme vit à la Havane où il vient d’être nommé à la tête du lectorat de langue et de culture basque rattaché à l’université de la capitale cubaine. Il vient de donner une interview à Jose Goitia pour le quotidien Gara, dont voici de larges extraits. A visage découvert.

Mediabask|22/11/2016 07:55|1 commentaire Mis à jour à: 20/11/2020 00:00

Sarrionandia-joseba

Joseba Sarrionandia va bientôt publier une anthologie de poésie. © Jose GOITIA

Et soudain, Joseba Sarrionandia apparut à la Havane. Où étiez-vous auparavant ?

Cela fait des années que je vis à La Havane, en menant une vie normale. Cela me surprend que la presse dise que je vis caché et que je ne me laisse pas prendre en photo. Cela fait un certain nombre d’années que je ne vis plus caché, bien que je n’ai eu aucun interêt à apparaître dans la presse.

Cela fait 16 ans que vous n’avez plus de problème avec la justice espagnole. Pourquoi vivre si discrètement ?

Je me dédie à l’écriture. Je préfère rester dans le coin d’une pièce et me consacrer à cela. C’est ce que j’aime faire, en plus de parler avec mes amis ou regarder la lune. Et je ne sais pas pourquoi je devrais apparaître dans la presse si ce n’est pour parler d’un livre.

Milan Kundera vit à moitié caché, mais malgré tout, il fait parvenir à l’occasion une photo ou autre à la presse. Salman Rushdie, menacé par les islamistes, se laisse voir également dans la presse. En revanche, aucune photo de vous n’est apparue en 30 ans.

Je suis reconnaissant envers ceux qui détiennent des photos de moi et qui ne les ont pas publiées, avec le respect que cela implique. Et je vous suis reconnaissant de me comparer avec des écrivains qui apparaissent dans Babelia [supplément culturel d’EL PAIS, ndlr.] et le New York Times, bien que je crois ne pas avoir beaucoup à voir avec ces éminences. Je suis un modeste écrivain d’une langue de la montagne et je n’apparais pas dans les médias. Ce que j’espère avec la photo que vous allez prendre maintenant, c’est payer le tribut à la société du spectacle, qu’on ne dise pas qu’il n’y a pas de photo de moi et ainsi qu’on me laisse travailler. Faites-en au moins trois, qu’un idiot ne vienne pas en faire 30.

On se souvient du scandale survenu lorsqu’on vous avait décerné le prix Euskadi. Le gouvernement de Patxi Lopez (PSE) avait voulu garder l’argent. Ensuite, il a été question que vous donniez une conférence à l’université de Mondragon (Gipuzkoa) et maintenant vous êtes nommé professeur à la tête de la chaire de langue et culture basque à la Havane.

Ce sont des points propres à la sphère médiatique qui ont peu à voir avec mon travail et ma façon de vivre et qu’on appelait presse jaune autrefois. Adjectif que l’on peut accoler aussi à la politique dans certains domaines. En anglais, jaune signifie en plus de la couleur, cruel et lâche : travestir la parole de l’autre, les titres à sensations, la répétition des mensonges.

Une question qui suscite la curiosité : où avez-vous vécu avant ?

Ici et là, avec des gens comme moi ou différents. Je n’aime pas raconter ces choses à tout le monde, je préfère écrire, avec la sensation de raconter les choses à une personne. Celui qui lit mes livres attentivement se rendra compte par où je suis passé.

Pouvez-vous nous décrire le projet de l’Université de la Havane ?

L’enseignement de l’euskara et de la culture basque sera proposé de manière optionnelle dans deux départements, en Langue et littérature ainsi qu’en Histoire de l’art, à partir de la troisième année. Sont dans le même cas que le galicien, le catalan et le turc tandis que l’anglais est obligatoire.

Votre père est mort cet été, depuis combien de temps ne l’aviez-vous pas vu ?

Trente et un an et quelques jours, il me laisse avec une grande dette à cause de tout ce temps. Il me reste ma mère et des neveux et nièces.

Pourquoi ne revenez-vous pas au Pays Basque ?

Pour une raison qu’on peut qualifier de politique. J’espère qu’elle ne tardera pas à se résoudre. Vous apparaissez encore comme un membre d’ETA aux yeux de nombreuses personnes, surtout dans l’État espagnol. Comment voyez-vous la nouvelle phase débutée il y a cinq ans avec la fin de la lutte armée ?

J’ai été membre d’un commando d’ETA dans les années 70, de la même manière que certains qui me criminalisent aujourd’hui. Ensuite, avec le temps, si j’ai fui d’un côté ou de l’autre ce n’est pas parce que j’étais membre d’ETA, mais parce que la police espagnole voulait m’arrêter. Concernant le processus de paix, il était nécessaire, mais cela aurait été mieux de l’engager voilà vingt ans.

Pardon, mais pourquoi durant ces années ne pas avoir donné publiquement votre point de vue ?

Que vouliez-vous que je dise publiquement sur cette Inquisition espagnole, alors que moi-même elle me poursuivait telle une sorcière du XVIIe siècle ? De plus, de quoi s’agit-il ? De condamner à nouveau les condamnés ? Moi, je ne vais pas oeuvrer pour l’Inquisition. L’État luttait contre les membres d’ETA, et contre ceux qui n’en faisaient pas partie également. Cela fait cinq ans qu’il n’y a plus le prétexte de l’ETA mais il continue dans le même sens. Les Catalans n’ont jamais commis la moindre illégalité, et des centaines de responsables politiques se retrouvent poursuivis pour avoir organisé le droit à décider. L’Etat parle de violence, quand le seul à utiliser la violence, c’est lui.

J’ai été surpris de découvrir sur Internet une photo de vous publiée dans le « Correo » du 7 juillet 1985 dans laquelle vous apparaissez visiblement torturé.

La photo date de novembre 1980, du deuxième ou troisième jour de détention et ils ont continué à me torturer durant six autres jours. Ils torturaient selon moi la majorité des détenus basques en ce temps-là. Il y a des gens qui disent qu’ils ne savaient pas ce qui se passait, mais comment ne pas savoir lorsque les visages des torturés sont publiés dans la presse. C’était la norme, ce le fut durant des décennies et je suis sûr qu’ils continuent de torturer, bien qu’aujourd’hui ils veillent à ce qu’il n’y ait pas de photo.

Comment pourrait se résoudre le problème des détenus ?

Quand une guerre ou un conflit politique se termine, il y a une justice transitionnelle. Mais l’État espagnol ne veut aucune paix, comme il ne veut pas du droit à décider, alors le processus de paix, ce sera comme marcher sur une jambe. Les détenus devraient être libres. En attendant, selon moi, ce sont des otages politiques. Il est vrai qu’il y a eu beaucoup de désastres, mais les détenus basques devraient être libres, ne serait-ce qu’à cause de l’injustice qui fait que la violence d’État demeure impunie. Car d’un point de vue individuel, qui a tué plus de gens qu’Enrico Rodriguez Galindo ? Il n’a fait que quelques mois de prison… A côté, certaines personnes ont été incarcérées pour avoir servi du kalimotxo dans des bars. Alors que Felipe Gonzalez n’a jamais comparu devant la justice.

Je ne sais pas comment pourrait se résoudre ce problème. Mais dans les années 70, il y avait beaucoup de solidarité. Il y avait la capacité de travailler ensemble malgré les différences de sensibilités et beaucoup de perséverance pour parvenir à faire tomber les murs.

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