La destruction des armes d’ETA empêchée par les polices françaises et espagnoles
Source: MEDIABASK|2016/12/16
Michel Tubiana, Michel Berhocoirigoin et Jean-Noël Etcheverry ont adressé un courrier à MEDIABASK dans lequel ils expliquent leur implication dans la destruction de l’arsenal d’ETA. Action interrompue par une opération policière à Louhoussoa.
Une opération policière est en cours ce vendredi soir au Pays Basque Nord, dans la commune de Louhossoa.
Ces événements interviennent alors que la rédaction de MEDIABAK a reçu différents documents de la part des personnes interpellées. Michel Tubiana, Jean-Noël Etcheverry, dit « Txetx » et Michel Berhocoirigoin y affirment vouloir « enclencher le processus de désarmement de l’organisation armée, et procéder à la destruction d’un premier stock d’armes ».
Depuis le 3 octobre 2016, ces trois personnes très connues au Pays Basque ont décidé de s’engager dans le processus de désarmement de l’ETA. Ils précisent n’avoir « aucun lien ni subordination avec l’ETA ». Jean-Noël Etcheverry est un militant des luttes écologiques et non violentes, Michel Berhocoirigoin, une figure du syndicalisme agricole et ancien président de Euskal Herriko Laborantza Ganbara et Michel Tubiana le président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme. Ces personnalités font l’objet d’une opération policière sur le lieu même où ils procédaient à la destruction d’une partie de l’arsenal de l’ETA. La liste de ce matériel « correspond à environ 15% de l’arsenal mis sous scellé de l’ETA », écrivent-ils.
Leur courrier est intitulé « La société civile a pris ses responsabilités et a déclenché le démantèlement de l’arsenal militaire de l’ETA – Opération policière en cours pour entraver cette initiative ». Ils justifient leur action par leur volonté de « contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays Basque », pour lequel le désarmement serait « une condition incontournable ». Ils soulignent « cette situation absurde, où l’organisation armée veut remettre les armes à un Etat qui refuse que cela soit possible ». Ils appellent ensuite « la société civile et tous les élus à se rassembler immédiatement et en masse, dans un esprit totalement pacifique, pour soutenir la nécessité d’un désarmement ordonné et contrôlé ».
MEDIABASK publie le courrier reçu, signé des trois individus qui ont été arrêtés lors de cette opération policière.
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Source: Communiqué du NPA
Jusqu’où l’acharnement, la répression et le mensonge d’État ?
Cinq militantEs, dont Txetx Etcherverry, fondateur du mouvement écologiste et altermondialiste Bizi !, Michel Berhocoirigoin, syndicaliste paysan, ancien président de la chambre d’agriculture du Pays-Basque, Michel Bergougnan, coopérateur viticole et Béatrice Molle-Haran, ont été interpellés par le RAID.
Les polices française et espagnole se vantent « de la saisie d’un important stock d’armes » et « d’avoir porté un coup dur à l’ETA ».
C’est un énorme mensonge et une manipulation éhontée. Ces armes étaient destinées à être neutralisées dans le cadre d’une démarche pacifiste, parfaitement publique, transparente et revendiquée. Les militantEs, syndicalistes, altermondialistes, journalistes… ont proposé à l’organisation ETA dans le cadre de son processus de désarmement de « de transférer à la société civile la responsabilité politique de la destruction deson arsenal militaire ».
Non contents de bloquer le processus de désarmement, les États français et espagnol criminalisent celles et ceux qui œuvrent à relancer le processus.
Le NPA dénonce cette manipulation et exige la libération immédiate et l’arrêt des poursuites contre les militantEs.
Montreuil, le 17 décembre 2016
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Des acteurs locaux souhaitent poursuivre l’initiative de Louhossoa
Des acteurs issus de mouvements sociaux et politiques se sont engagés à poursuivre le processus lancé à Louhossoa ce 16 décembre.
Mediabask|17/12/2016
Syndicalistes, élus, représentants de partis et acteurs du processus de paix se sont retrouvés à Bayonne. © Bob EDME
Les interpellations réalisées à Louhossoa vendredi n’auront rien arrêté, « bien au contraire ». La quarantaine d’acteurs sociaux et politiques réunis à Bayonne se sont engagés à prendre le relai du processus amorcé par les personnes arrêtées. A savoir mener à terme la destruction de l’arsenal militaire d’ETA.
« Ils ont arrêté cinq artisans de la paix, aujourd’hui, vous avez devant vous les nouveaux artisans de la paix », a lancé Anaiz Funosas la représentante du mouvement citoyen Bake Bidea devant la presse. En ce sens, elle a appelé à participer à la manifestation organisée ce samedi à Bayonne (16 heures, depuis la Place des Basques) et à défiler derrière le sloggan « Bakearen alde, liberté pour les artisans de la paix ».
Elle a ensuite lu le texte recueillant la philosophie de l’engagement de Michel Tubiana, Michel Berhocoirigoin et Jean-Nöel Etcheverry, daté du 25 octobre 2016. Une façon d’exprimer la volonté de s’approprier l’ensemble des principes qui a guidé les personnes interpellées vendredi, ainsi que Michel Tubiana qui ne se trouvait pas sur les lieux lors de l’opération.
Après cette déclaration d’intention, les personnes présentes ont annoncé une réunion qui aura lieu lundi prochain à Bayonne ouverte aux acteurs sociaux et aux élus des sept provinces du Pays Basque, afin se mettre d’accord sur la suite à donner aux événements.
Résolution du conflit
Le représentant du syndicat ELA, Xabi Anza, a rappelé que le Pays Basque est entrée dans une nouvelle phase, une nouvelle vie, après l’arrêt de la lutte armée par ETA. Pour cela, a-t-il souligné, « il est nécessaire que la société civile s’implique, que les Etats s’impliquent ».
Un processus de paix devrait se traduire, selon lui, par le désarmement d’ETA, la reconnaissance des victimes et la réparation des torts causés, la résolution des causes du conflit et le rapprochement des détenus.
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Des élus affichent leur soutien aux cinq personnalités interpellées
Source :Mediabask
Une vingtaine d’élus du Pays Basque ont alerté les Etats sur leur nécessaire implication dans le processus de paix. Ils ont également rappelé l’engagement en faveur de la paix des personnalités interpellées à Louhossoa.
Bénédicte Saint-André|17/12/2016
Les élus réunis ce samedi 17 décembre à Bayonne. © Bob Edme
Ce samedi à Bayonne, une vingtaine d’élus du Pays Basque, toutes sensibilités politiques confondues, ont affiché publiquement leur soutien aux cinq personnalités placées en garde à vue vendredi soir à Louhossoa. Des personnes dont l' »engagement en faveur de la paix est incontestable » comme ils peuvent en témoigner, ont-ils déclaré de concert.
Ils ont estimé que l’opération d’hier soir se situait dans la continuité de la démarche engagée voilà cinq ans à Aiete. Selon eux, cette opération vise en outre « à pallier le manque d’implication des Etats français et espagnol dans le processus de désarmement ».
Ils ont également affirmé que le désarmement était « une condition incontournable permettant d’aboutir à une résolution définitive du conflit » et appelé à une nécessaire prise en compte de la situation des prisonniers et des « souffrances de toutes les victimes ».
Ils ont enfin alerté les Etats sur le fait « qu’au-delà des personnalités interpellées, d’autres acteurs de la société civile prendront le relais tel est grand dans la société basque le désir de paix ».
Les signataires :
Sylviane Alaux, députée (PS)
Colette Capdevielle, députée (PS)
Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne (UDI)
Kotte Ecenarro, maire d’Hendaye (PS)
Max Brisson, 1er vice-président du conseil départemental (LR)
Frédérique Espagnac, sénatrice (PS)
Jean-Jacques Lasserre, sénateur, président du conseil départemental (MoDem)
Jean Lissar (EELV)
Michel Veunac , maire de Biarritz (MoDem)
Daniel Oloçomendi, maire d’Ostabat (Eh Bai)
Jean-Claude Iriart, élu à Bayonne (Eh Bai)
André Etcheverrya, maire d’Ossas Suhas
Alice Lyciagueçahar, conseillère réginale (EELV)
Martine Bisauta, élue de Bayonne (sans étiquette)
Alain Iriart, maire de Saint-Pierre d’Irube et conseiller départemental (Eh Bai)
Isabelle Pergade, conseillère départementale (sans étiquette)
Antton Curuchary, élu à Baigorri (Eh Bai)
Emilie Dutoya, conseillère régionale (PS)
Fred Tanche , adjoint au maire d’Hendaye
Chantal Kehrig, élue à Hendaye
Marie-Christine Aragnon, conseillère départementale (PS)
Andde Sainte Marie conseiller départemental (PS)
Claude Olive, maire d’Anglet (LR)
iker Elizalde, adjoint au maire d’Hendaye (Eh Bai)
Michel Etchebest, maire de Mauléon
Christophe Martin, conseiller départemental (PS)
Sandrine Derville, vice-présidente du Conseil régional (PS)
Mathieu Bergé, conseiller régional (PS)
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Pour Michel Tubiana, le ministre de l’Intérieur s’enferre dans le mensonge
Source : Mediabask
Après avoir salué l’opération de Louhossoa, Bruno Le Roux a estimé que « personne n’a le droit de se proclamer destructeur d’armes ». Triomphalisme déplacé et mensonge éhonté pour Michel Tubiana, président d’Honneur de la Ligue des droits de l’Homme et un des artisans de l’opération.
Bénédicte Saint-André|17/12/2016
Michel Tubiana, avocat et président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme a toujours milité en faveur de la paix au Pays Basque. © LDH
En marge d’un déplacement dans les Yvelines ce samedi matin, le ministre de l’Intérieur français s’est exprimé à propos de l’opération de police ayant eu lieu cette nuit à Louhossoa. « En matière de terrorisme, toutes les preuves doivent pouvoir concourir à la justice. Personne n’a le droit de se proclamer destructeur d’armes et éventuellement de preuves », a-t-il déclaré.
Pour Michel Tubiana, président d’Honneur de la Ligue des droits de l’Homme qui aurait dû participer à l’opération, cette déclaration équivaut à battre en retraite. « Je n’ai pas pour métier de détruire des armes. Cela a été pensé en réaction à l’autisme des gouvernements qui refusent d’entendre la volonté de désarmement », explique-t-il.
Au sujet d’une éventuelle destruction de preuves, « cet homme-là nous prend vraiment pour des imbéciles, estime-t-il. Il s’agissait de faire un simple trou dans les armes, cela n’aurait empêché aucune expertise. Bruno Le Roux s’enferre dans le mensonge ».
La déclaration du ministre de l’Intérieur intervient après la publication d’un communiqué tard dans la nuit où il se félicitait d’une telle opération et informait d’une interpellation d' »individus en relation avec l’organisation terroriste ETA ».
« Si les autorités ont procédé aux arrestations, c’est qu’elles étaient au courant de cette opération. Par conséquent, elles n’ont pas pu imaginer un seul instant qu’il s’agissait de complicité. Elles savaient pertinemment qu’il s’agissait de détruire les armes et de les livrer aux pouvoirs publics. Il y a là un triomphalisme déplacé et un mensonge éhonté », assène Michel Tubiana.
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Les réactions de soutien affluent face aux arrestations à Louhossoa
Les arrestations de personnalités connues et reconnues au Pays Basque, toutes engagées en faveur de la paix, n’ont pas tardé à faire réagir. Nombreuses sont les personnalités à exprimer leur soutien.
Mediabask|17/12/2016
Des militants réunis cette nuit à Louhossoa en soutien aux personnes arrêtées. © Bob Edme
La ligue des droits de l’Homme, dont le président d’Honneur est Michel Tubiana, un des artisans du désarmement d’ETA par la société civile a condamné fermement les arrestations de Louhossoa, qualifiées de « mauvais coup contre le processus de paix ».
Dans un communiqué diffusé samedi matin, le député Jean Lassalle a dénoncé « les machiavéliques dérives autoritaires de l’Etat français ».
Dans un communiqué, la mairie de Macaye regrette regrette qu’ »une opération de désarmement faite en présence de représentants de la société civile et de la presse ait été contrecarrée et il manifeste son soutien aux personnes qui se sont engagées dans cette initiative de paix ».
Le Comité pour la Défense des Droits de l’Homme en Pays Basque a dénoncé les propos du ministre de l’intérieur français. « Ce qui devait être une opération de destruction des armes scellées de l’ETA, par la société civile, est mensongèrement présentée comme une arrestationd’association de malfaiteurs ».
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Communiqué Médiabask
Urrugne, 17 décembre 2016
Notre consoeur journaliste de Mediabask, Béatrice Molle-Haran, a été placée en garde à vue dans la
nuit du vendredi 16 au samedi 17 décembre, à son domicile de Louhossoa. Nous lui apportons notre
soutien et notre solidarité.
Nous tenons aussi à témoigner de notre solidarité envers les autres personnes arrêtées avec elle :
Txetx Etcheverry, Michel Berhocoirigoin, Michel Bergougnian et Stéphane Etchegaray.
Nous réclamons la libération immédiate de ces cinq personnalités de la société civile du Pays
Basque Nord et nous tenons à saluer leur engagement pour une paix réelle et durable au Pays
Basque, dans le cadre d’un processus de paix aujourd’hui enlisé.
L’équipe de Mediabask
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Ils ont répondu présent à Bayonne en faveur de la paix
Source : Mediabask
VIDEO – Environ 4 000 personnes sont venues apporter leur soutien, aujourd’hui à Bayonne, aux cinq personnes arrêtées à Louhossoa. Avec un mot d’ordre : réclamer leur libération et poursuivre le processus de paix.
Ximun Larre|2016/12/16
Le rendez-vous était donné à 16 heures Place des Basques. Et ils ont été près de 4 000 à s’être déplacés pour manifester en faveur des cinq personnes arrêtées hier à Louhossoa. Elus, acteurs sociaux, économiques ou simples citoyens, rassemblés derrière une banderole où l’on pouvait lire : « Bakearen alde – Liberté pour les artisans de la paix ».
Une dizaine de tracteurs ouvraient la route, pour montrer le soutien du monde agricole. Derrière, parmi les élus, étaient présents entre autres, le maire de Bayonne Jean-René Etchegaray, Max Brisson, l’élue écologiste Alice Leiciagueçahar, les socialistes Colette Capdevielle, Sylviane Alaux, Frédérique Espagnac, Kotte Ecenarro, Marie-Christine Aragon, les élus abertzale Daniel Olçomendy, Jean-Claude Iriart, Peio Etcheverry-Ainchiart et Maddalen Iriarte.
Des acteurs socio-économiques également, comme Michel Larralde secrétaire général CFDT-Pays Basque, Ainhoa Etxaide et Eñaut Aramendi de LAB, Adolfo Muñoz d’ELA, Panpi Sainte-Marie secrétaire général d’ELB, Christophe Desprez, président de la Ligue des droits de l’Homme au Pays Basque Nord ou Jon Palais le militant de Bizi !.
La foule a cheminé vers l’esplanade Roland Barthes en entonnant régulièrement le même slogan : « libération pour les personnes arrêtées ! ». Sur l’esplanade, Anaiz Funosas la porte-parole de Bake Bidea prenant la parole pour un message teinté d’espoir. Après avoir remercié toutes les personnes présentes, les noms des cinq personnes arrêtées hier ont été longuement applaudis par la foule, un par un : Béatrice Molle-Haran, Michel Bergougnian, Michel Berhocoirigoin, Stéphane Etchegaray et Jean-Noël Etcheverry.
Nouvelle partie
Dans son message, la porte-parole de Bake Bidea a clairement rappelé « qu’il ne s’agissait pas d’une opération contre ETA, mais pour empêcher la société civile de faire avancer le processus de paix ». Et s’adressant aux Etats français et espagnol : « non, vous n’avez pas le droit de nous enlever le droit à réaliser ce processus de paix ». Avant d’ajouter que « pour chaque personne arrêtée désormais des dizaines prendraient le relai pour faire avancer ce processus ».
Elle voit dans les évènements de ces dernières 24 heures « le début d’une nouvelle partie, où tous les acteurs du Pays Basque Nord ont les cartes en main ». Dès ce lundi 19 décembre à Bayonne, élus et acteurs socio-économiques du Pays Basque Nord sont appelés à se rencontrer à Bayonne, « pour continuer à travailler dans le sens du processus de paix », a ajouté Anaiz Funosas.
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