Des élus basques de tous bords ont déposé une motion, signée par près de 600 élus, à la sous-préfète de Bayonne ce vendredi matin. Une démarche qu’ils ont souhaitée officielle et solennelle.
Avec la libération sous-contrôle judiciaire des cinq personnes interpellées à Louhossoa et à la veille des fêtes de Noël, élus locaux et parlementaires auraient pu décider d’en rester là. Mais, faisant suite à leur déclaration de samedi et à leur courrier aux juges mardi, ils empruntent cette fois la voie officielle en remettant directement une motion au gouvernement via la sous-préfète de Bayonne ce vendredi matin.
Le texte est signé par plus de 600 élus de toutes sensibilités politiques confondues (PS, LR, UDI, MODEM, EELV, EH Bai), dont 80 maires du Pays Basque. « D’autres signatures sont à venir », selon Jean-René Etchegaray, le maire de Bayonne. « Le but est de rappeler la demande de ce territoire, un territoire qui recherche la paix », a-t-il déclaré en préambule. « Nous avons appris hier que de l’autre côté de la frontière, des rapprochements étaient visibles. Tout ceci a pour nous une grande signification ».
S’en est suivi la lecture chorale, en français et en basque, du texte d’une quinzaine de lignes. « Parce que nous voulons contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays Basque, parce que la prise en compte de la situations des prisonniers et des souffrances de toutes les victimes est un préalable incontournable, parce que nous avons la conviction que le désarmement de l’arsenal d’ETA doit être organisé sans délai, afin que la société civile ne soit plus dans l’obligation d’intercéder, comme elle y a été contrainte à Louhossoa, nous élus du Pays Basque demandons au gouvernement français de s’impliquer dans le processus de désarmement et la résolution globale du conflit », ont-ils déclaré, avant de marquer un long temps d’applaudissements et alors que l’émotion était palpable.
Une oreille attentive
A 11h 30, la sous-préfète Catherine Seguin recevait une délégation d’élus pour une remise officielle de la motion. La députée socialiste Sylviane Alaux était présente lors de la rencontre, qui dura environ une demi-heure. A la sortie, elle soulignait que la représentante de l’Etat avait pris de nombreuses notes, prêtant une oreille attentive à leurs propos. « Elle a dit avoir un devoir de transmission ».
« Nous lui avons rappelé l’attente de la société civile depuis Aiete et l’incompréhension face au silence de l’Etat français et à son suivisme vis à vis de l’Etat espagnol », a-t-elle expliqué. Les élus sont ensuite restés un long moment à échanger devant la sous-préfecture, tous soulignant que « quelque chose était en train de se passer ».
« Ce serait une grave erreur de ne pas entendre la voix de la société civile, a poursuivi Sylviane Alaux. Cinq personnes se sont sacrifiées, ont réalisé un acte responsable, l’Etat français a le devoir d’entendre cette parole ». Elle et les autres députés du Pays Basque, ont par ailleurs saisi le premier ministre Bernard Cazeneuve mardi, lui demandant d’avoir le « courage de la paix et ne pas suivre la politique et la rhétorique belliqueuse de Monsieur Mariano Rajoy ». Leur missive est pour l’instant restée sans réponse.
Une ligne invariable
En 2013, Manuel Valls, à l’époque ministre de l’Intérieur, avait reçu à leur demande les trois parlementaires socialistes du Pays basque. « Pourquoi parler de processus de paix puisqu’il n’y a pas de conflit » ? avait-il estimé. Une ligne invariablement suivie depuis, Bruno Le Roux ayant également déclaré lundi qu’il n’y avait pas de processus de paix.
Au Pays Basque, même si la motion a recueilli une majorité écrasante, elle ne fait pas pour autant l’unanimité comme en témoigne cette vidéo du conseil municipal de Ciboure, dans laquelle le maire de la ville Guy Poulou explique pourquoi il ne la soumettra pas au vote (voir à partir de la 23e minute).
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