De nombreuses mobilisations ont eu lieu dans plusieurs villes du Pays Basque Sud et à Bayonne. Mercredi, son corps devait être ramené à Galdakao par une délégation de Sortu et d’EH Bildu qui s’est rendue à Badajoz pour l’accompagner durant ce dernier voyage. Kepa del Hoyo était depuis quinze années à la prison de Badajoz, à 703 km de son domicile. Ce qui implique que sa famille, sa compagne, son fils de 19 ans accomplissaient 1400 km, chaque fois qu’ils allaient lui rendre visite.
Politique de vengeance
Arkaitz Rodriguez porte-parole de Sortu a dénoncé le fait que derrière cette mort, “il y a les conséquences de la politique de dispersion comme à d’autres occasions.” Et de rappeler que la propre application des lois espagnoles aurait dû permettre à Kepa del Hoyo d’être aujourd’hui libre. Condamné à trente ans de prison, il en avait accompli pratiquement vingt et aurait pu bénéficier d’une liberté conditionnelle. “C’est à cause d’une stratégie de guerre de l’Etat espagnol que Kepa était encore en prison, face au pari de paix et de liberté d’Euskal Herria” a lancé le dirigeant abertzale.
Rencontre avec Urkullu
C’est un rendez-vous incontournable, devant la basilique de Loiola lors d’une procession, le collectif de familles de prisonniers Etxerat interpelle le lehendakari. Cette année Iñigo Urkullu a présenté ses condoléances à la famille et aux amis de Kepa del Hoyo, assurant qu’il travaillait pour que le gouvernement Rajoy change sa politique pénitentiaire. Ajoutant que durant ces 20 dernières années, lui et le PNB ont plaidé pour le rapprochement des prisonniers.
Urkullu considère nécessaire que la gauche abertzale reconnaisse sa responsabilité quant aux prisonniers basques, car jusqu’à maintenant, selon lui, la stratégie était de ne pas accepter la légalité en cours ou les bénéfices pénitentiaires. “Chacun sait ce qu’il a fait à cette époque” a-t-il ajouté répondant indirectement au líder de EH Bildu, Arnaldo Otegi, qui réclame une feuille de route afin de “faire sortir tous les prisonniers basques dans la rue”.
L’adieu à Kepa del Hoyo entre douleur et revendications
Le corps du défunt a été rapatrié dans la ville où vit sa famille aujourd’hui. Depuis l’annonce de sa mort, plusieurs dizaines de rassemblements ont fleuri au Pays Basque pour demander la fin de la politique pénitentiaire actuelle.
La compagne de Kepa del Hoyo, Maite Sanchez, ainsi que des proches, ont fait la route jusqu’à la prison de Badajoz et ont rapatrié eux-mêmes le corps du défunt. Ils sont arrivés dans la ville de Galdakao ce matin, après avoir parcouru les 750 kilomètres du trajet qui séparait le prisonnier de son village d’attache. Ils ont été accueillis par des centaines de personnes réunies en soutien aux proches.
Alors que le corps était ramené par la famille, mardi, des rassemblements organisés dans diverses localités du Pays Basque se sont déroulées, réunissant au total des milliers de personnes. A Bayonne, le rendez-vous avait été donné à 19 heures devant le consulat d’Espagne. Une soixantaine de personnes se sont retrouvées derrière une banderole affichant « Agur Eta ohore Kepa » (Adieu et honneur à Kepa, en basque). Deux sentiments guidaient ces manifestations : les condoléances pour la famille en deuil et la colère de voir un prisonnier basque de plus finir sa vie entre quatre murs.
Arrivée du cercueil au funérarium de Bolueta, mardi soir. © Argazki Press
Ultime hommage à Galdakao
Mercredi 2 août, c’est la douleur du deuil qui a repris le dessus avec l’organisation d’une veillée mortuaire publique dans la matinée. Un dernier hommage a eu lieu à 13 heures au funérarium de Galdakao, sa localité, dont il a été élu entre 1999 et 2003, avant de procéder à l’incinération. Des centaines de personnes se sont présentées au cimetière pour assister à l’ultime hommage de cet ancien militant d’ETA. Parmi elles, une délégation des partis EH Bildu et de Sortu.
La douleur s’effacera ensuite un peu pour laisser place à nouveaux aux revendications : des protestations contre les conditions de détention des prisonniers politiques basques ont déjà commencé à surgir. Plusieurs partis politiques ont souscrit à une déclaration commune réclamant un « scénario de paix et de vivre ensemble dans notre pays » et demandant de cesser « l’actuelle politique de dispersion des prisonniers et d’aborder une situation nouvelle qui respecterait tous les droits des prisonniers et de leurs proches. » Le texte a été signé par le PNV, Galdakao Orain-Podemos, Galdakao-Irabazi, Usansolo Herria et EH Bildu. Une manifestation est prévue samedi 5 août à 18 heures au départ de la mairie de Galdakao.
Source: MEDIABASK
Les mesures d’exception seraient responsables de la mort de Kepa del Hoyo
L’association des parents et amis des prisonniers et exilés basques a réagi à la mort de Kepa del Hoyo. Elle juge la politique de dispersion et d’éloignement responsable et annonce une série de mobilisations sur les plages du Pays Basque, cet été, pour continuer à la dénoncer.
Lors de deux conférences de presse, à Loiola (Gipuzkoa) hier et devant la mairie de Bayonne aujourd’hui, Etxerat s’est exprimé sur le décès du prisonnier basque Kepa del Hoyo.
Selon l’association des parents et amis des prisonniers et exilés basques, sa mort « repose entièrement sur la politique pénitentiaire d’exception maintenue par les États espagnols et français, ensemble de mesures basées sur une soif de vengeance ». De plus, elle dénonce que la famille du défunt ait dû se rendre à Badajoz, à 750 km de chez elle, pour récupérer et rapatrier le corps. En plus des allers-retours effectués pendant 20 ans pour lui rendre visite de son vivant.
Elle rappelle les trajets « interminables » pour les familles des détenus basques le week-end, l’épuisement physique et moral qui en découle. Voire les accidents. En trente ans, seize personnes ont péri lors de ces déplacements. Etxerat continue donc de « dénoncer les lourdes conséquences de ces mesures » et d’appeler à la fin de la politique de dispersion et de l’éloignement.
Pas une victime de plus
L’association a fait partie de la délégation basque partie à Paris, le 10 juillet dernier, pour mettre la question des détenus basques sur la table des plus hautes sphères de l’Etat français. Elle note un changement. « La question des prisonniers basques est désormais inscrite en lettres majuscules dans l’agenda des autorités françaises. » Mais Etxerat reste très ferme. « Nous le répétons ici : la société basque ne peut accepter de perdre qui que ce soit d’autre en chemin. »
Face à l’urgence d’agir, la mobilisation ne doit pas faiblir pour l’association qui annonce une série de rassemblements sur les plages du Pays Basque cet été. La première est prévue ce dimanche 6 août, sur la plage d’Hendaye, à partir de midi.
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