Fin de la dispersion et de l’exil, transfert du Collectif des prisonniers et prisonnières au Pays Basque. Et vider les prisons. C’est un document dense de six pages contenant les conclusions du Collectif des prisonniers et prisonnières basques (EPPK) qu’a publié ce week-end le quotidien Gara.
Ce texte est le fruit de plusieurs mois de débat dans les prisons et comme annoncé précédemment la principale information est que chaque prisonnier décidera d’utiliser les moyens juridiques et légaux permettant d’accélérer son rapprochement ou sa libération. Des mesures qui dès 2013 avaient été annoncées par EPPK. Aujourd’hui cette annonce est consolidée par ce débat interne. Reste à appliquer ces décisions adoptées par une très grosse majorité des votants d’EPPK.
Ligne rouge : repentir et délation
“Nous n’accepterons aucun pas qui pourrait aller contre notre caractère militant politique, ni d’être utilisé politiquement dans le but d’abîmer le processus de libération. Que personne ne nous demande un repentir politique ou une collaboration aux fins d’emprisonner ou d’allonger les condamnations d’autres camarades» explique EPPK. Autre caractéristique de ce texte, la volonté affichée de rendre ce débat “public et transparent.” Et comme dans tout vrai débat, EPPK déclare aussi que dans le cadre du changement de stratégie opéré entre 2011 et 2016 la critique la plus importante était celle “d’avoir laisser de côté des membres du Collectif à l’heure de prendre des décisions.”
Concrètement la feuille de route concernant l’utilisation des voies juridiques aura comme conséquence que chaque prisonnier étudiera avec ses avocats les options possibles en se basant sur des solutions légales. Ce premier rapport sera transmis à la direction du Collectif et ensuite au public “afin que dans nos villes et villages, on sache où nous en sommes, et à quoi nous devons faire face” précise EPPK qui souhaite emprunter ce chemin avec un soutien populaire.
Une bataille juridique
Le collectif demandera la révision des procédures de cas où des aveux ont été réalisés sous la torture. «Il faudra aussi lutter contre les tentatives de prolonger ou d’enclencher des condamnations.» En attendant la concrétisation de l’objectif final qui est de vider les prisons, le texte informe que toute nouvelle ayant trait à la fin de la dispersion et de l’exil sera accueillie positivement. Et les prisonniers revendiquent pour cela leur transfèrement à Zaballa (Araba) pour les prisonniers de l’Etat espagnol. Et à Mont-de-Marsan pour ceux et celles qui purgent leurs peines dans des prisons de l’Etat français. Selon les chiffres d’EPPK, 330 personnes sont emprisonnées, trois effectuent leurs peines à leur domicile, deux sont au Pays Basque, 20 souffrent de pathologies très graves, trois ont plus de 70 ans. Et 73 accomplissent leurs peines dans des prisons de l’Etat français. Quatorze d’entre eux sont en prison depuis plus de 25 ans, 23 depuis plus de 20 ans et 103 depuis plus de quinze années. Par ailleurs, EPPK déclare souhaiter maintenir une relation fluide avec les groupes des villes et villages dont ils sont originaires, “sans protagonisme” au même titre que les autres militants de la gauche abertzale. Prochaine étape afin de parachever ce processus, l’élection d’une nouvelle direction d’EPPK. Elle sera composée de huit membres et connue publiquement au mois d’octobre prochain.
En conclusion la direction d’EPPK indique que “si dans la déclaration d’Aiete, ETA se responsabilisait de la question des preso et vu qu’aujourd’hui aucune possibilité de négociation bilatérale, n’est entrevue, EPPK qui s’inscrit au sein de la dynamique de la gauche abertzale se met entre les mains du peuple et du développement du processus indépendantiste. Unissant la liberté de tous les prisonniers avec la liberté d’Euskal Herria.”
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