Il y a 1 an, la police a débarqué en force à Louhossoa.

Il y a près d’un an, les hommes du Raid entrent dans la maison Errekartea, à Louhossoa. Un coup de filet que le ministre de l’Intérieur justifiera par l’arrestation supposée de membres de l’organisation ETA et le contrôle d’une partie de son arsenal, “un nouveau coup dur contre ETA”. Mais il s’est très vite avéré que les cinq personnes interpellées ce soir-là sont des “artisans de la paix”. Le désarmement total du 8 avril dernier l’a démontré.

Mixel Berhocoirigoin et Jean-Noël Etcheverry “Txetx”, les signataires avec Michel Tubiana du courrier présentant l’esprit de leur démarche, Mixel Bergouignan, Béatrice Molle-Haran et Stéphane Etchegaray ne seront libérés que quatre jours plus tard. Placés en garde à vue, transférés au parquet anti-terroriste de Paris, puis relâchés. Depuis, aucune nouvelle, aucune convocation. La majorité de leurs avocats ont demandé un non-lieu auprès du juge d’instruction.

Le samedi 17 décembre 2016, le parquet informe MEDIABASK : “Il s’agit d’une opération anti-terroriste menée conjointement par les polices française et espagnole”. Le gouvernement espagnol s’est félicité du “coup porté à l’arsenal de la bande terroriste ETA en France”, indiquant une importante saisie d’armes et d’explosifs.

Le président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme M. Tubiana affirme pourtant le contraire. Lorsque les forces de police investissent la propriété de Béatrice Molle-Haran à Louhossoa, il n’y est pas. Le lendemain, il explique la démarche des Artisans de la paix dans les médias : l’objectif était de déclencher le processus de désarmement d’ETA et contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays Basque.

Procédure ouverte

Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bruno Leroux, rétorque alors : “Personne n’a le droit de se proclamer destructeur d’armes et éventuellement de preuves. En matière de terrorisme, toutes les preuves doivent pouvoir concourir à la justice”. La justice, elle, a ouvert une enquête préliminaire pour “association de malfaiteurs terroriste”, “infraction à la législation sur les armes en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste” et “infraction à la législation sur les explosifs en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste”.

Or, l’avocat de Jean-Noël Etcheverry et de Stéphane Etchegaray, Jean-François Blanco, estime que “construire de la paix en Pays Basque n’est pas une infraction pénale. [Les cinq de Louhossoa] méritent notre gratitude, pas des poursuites pénales”. Des milliers de personnes le reconnaissent dans les rues de Bayonne le lendemain de l’opération. En quelques heures une vague de soutiens se forme, venus de la société civile comme du monde politique. Cette réponse immédiate et unie sera, d’après les principaux acteurs de la résolution du conflit, décisive pour mener à terme le processus de désarmement.