Article publié dans Le Peuple Breton, le 3 juillet 2018
Alors que les préparatifs se déroulent discrètement pour la première rencontre entre les présidents catalan et espagnol la semaine prochaine (lundi 9 Juillet), les commentaires sur le prochain rapprochement des prisonniers politiques dans des prisons catalanes sont de plus en plus insistants. Ils permettraient ainsi que soit respectée la loi qui stipule que les prisonniers doivent être emprisonnés au plus près de leur famille.
Le rapprochement des prisonniers politiques est une compétence du gouvernement (contrairement à ce que disait le ministre espagnol de l’Intérieur il y a encore peu). Il s’effectuera avec l’approbation du juge Pablo Llarena qui a indiqué que l’instruction était à présent bouclée. La classe politique et les indépendantistes catalans, s’ils interprètent la mesure comme un premier signal de déblocage, ne manquent pas cependant de réclamer la libération des prisonniers et la résolution de la crise sur la base de négociations politiques, et non via la judiciarisation, en ajoutant qu’il est exclu que les prisonniers ou les exilés puissent faire l’objet de d’un quelconque marchandage, de même qu’il est exclu que les Catalans renoncent au droit à l’autodétermination dont ils disposent naturellement, comme tous les peuples.
En attente des décisions belge et allemande
D’autre part, les avocats des exilés catalans en Belgique et en Allemagne ont fait la liste la semaine dernière aux médias catalans des innombrables irrégularités et mensonges de la justice espagnole dans les demandes d’extradition et ont rapporté la surprise des tribunaux européens devant les dysfonctionnements des juges espagnols. Ceux-ci viennent d’envoyer, par exemple, des milliers de documents supplémentaires en espagnol (sans traduction) au tribunal allemand alors que la phase d’instruction était sur le point de se terminer. Tout le monde attend maintenant la décision des Belges et des Allemands concernant la demande d’extradition, et il est probable selon les avocats, que celle-ci soit rejetée faute de fondement des accusations (rébellion et détournement de fonds pour avoir organisé le référendum le 1er octobre et avoir déclaré l’indépendance). Les médias se sont également fait l’écho des déclarations d’Angela Merkel lors d’une entrevue avec le président espagnol, déclarations selon lesquelles elle déclarait « qu’elle n’est pas gênée par la présence du président Puigdemont en Allemagne ». Une façon très diplomatique d’affirmer que l’Allemagne ne soutient pas la position espagnole. On n’ose imaginer ce qui aurait été publié dans le cas d’une déclaration allemande favorable à Sanchez et hostile à Puigdemont…
Répression financière contre les prisonniers catalans
Les associations Òmnium Cultural et l’ANC – Assemblea Nacional Catalana – ont lancé cette semaine une nouvelle campagne pour recueillir des fonds afin d’éviter la saisie des biens propres et des familles des prisonniers politiques et exilés auxquels le juge Pablo Llarena exige maintenant le paiement de la somme de deux millions d’euros. Le même juge qui a rejeté pour la quatrième fois la libération de Joaquim Forn, ancien ministre de l’Intérieur de la Generalitat.
Incident diplomatique aux États-Unis
Sur la scène diplomatique, la semaine a été illustrée par l’incident diplomatique provoqué par l’ambassadeur d’Espagne aux États-Unis (et ancien ministre de Rajoy) qui, dans son discours lors de l’ouverture du Smithsonian Folklife Festival où la Catalogne était la culture invitée, a insulté le président de la Generalitat. Celui-ci ainsi que toute la délégation catalane ont quitté la salle, obligeant les organisateurs à supprimer tous les discours de la cérémonie. Le ministre des Affaires étrangères catalan de son côté, Ernest Maragall, rendait effective la réouverture de six délégations de représentation de la Catalogne à l’étranger et nommait Meritxell Serret, ancienne ministre de l’Agriculture de Puigdemont, exilée à Bruxelles, aux fonctions de représentante du Gouvernement catalan en Belgique. Il a ajouté que de nombreuses autres délégations ouvriraient dans les mois à venir.
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