Hassan Shokeh fait face à une grave crise médicale au 45ème jour de grève de la faim contre sa mise en détention administrative, sans inculpation ni jugement, par les forces d’occupation israéliennes. Il est rejoint dans sa grève par trois autres détenus administratifs, Islam Jawarish, Issa Awad et Mahmoud Ayyad, qui en sont à leur 13ème jour de grève de la faim pour exiger la fin de la politique de détention administrative.
Les grèves en cours interviennent en tant que partie d’une campagne qui s’intensifie, menée par plus de 450 Palestiniens emprisonnés par l’occupant israélien sans inculpation ni jugement, pour mettre fin à la détention administrative. D’abord introduite en Palestine par le mandat colonial britannique, la détention administrative a été utilisée depuis cette époque pour détenir arbitrairement des dizaines de milliers de Palestiniens. Les ordres de détention administrative sont émis pour une durée de un à six mois à la fois, mais sont indéfiniment renouvelables. Des Palestiniens ont passé des années à la fois en étant emprisonnés sans inculpation ni jugement sous le coup d’ordres de détention renouvelés de façon répétée.
Les détenus administratifs, qui sont au nombre de plus de 450 sur un total de plus 6.000 prisonniers politiques palestiniens dans les prisons israéliennes, boycottent depuis le 15 février, dans une action collective qui se poursuit, les tribunaux militaires israéliens qui entérinent leurs ordres de détention .
Shokeh a lancé sa grève de la faim le 3 juin après qu’il a reçu un ordre de détention administrative sans inculpation ni jugement au lieu d’être libéré comme promis dans un accord conclu en novembre 2017 après sa grève de la faim. Shokeh, 30 ans, a été arrêté à de multiples occasions et a passé plusieurs années en prison sans inculpation ni jugement sous le coup de la détention administrative. Choke est actuellement maintenu à l’isolement à la clinique de la prison de Ramle alors que son état de santé continue à se dégrader. Les prisonniers de l’Organisation du Jihad Islamique de la prison d’Ofer ont retourné leur repas pendant trois jours en solidarité avec la grève de Shokeh.
Shokeh a été arrêté par l’occupant israélien le 29 septembre 2017, un mois seulement après qu’il a été relâché le 31 août 2017 des prisons israéliennes. Il a, pour la première fois, le 11 octobre, lancé sa grève de la faim illimitée après qu’il a reçu un ordre de détention administrative sans inculpation ni jugement. Il a suspendu sa grève le 14 novembre au bout de 35 jours, après que son cas a été porté devant les tribunaux militaires. Il y a été condamné à six mois d’emprisonnement dans une prison israélienne. Après que sa peine a expiré le 3 juin 2018, il n’a pourtant pas été libéré, mais il a arbitrairement reçu une fois de plus un ordre de détention administrative sans inculpation ni jugement.
L’Association des Prisonniers Palestiniens a rapporté le 16 juillet que Shokeh a reçu la visite de son avocat à la clinique de Ramle et qu’il se déplaçait en utilisant un fauteuil roulant. Son avocat a déclaré qu’il a perdu 30 kilos depuis le début de sa grève et qu’il a des douleurs aigües aux reins et aux yeux. En plus, l’avocat a déclaré qu’il a perdu conscience à plusieurs reprises au cours de la visite. Pendant sa grève il ne prend que de l’eau et il a refusé de prendre des vitamines ou de bénéficier d’examens médicaux.
Jawarish, du camp d’Aida, Awad, de al-Khalil/Hébron et Ayyad, du camp de Dheisheh, sont tous les trois détenus sans inculpation ni jugement depuis 18 mois sous le coup de la détention administrative. Ils ont lancé leur grève, le 5 juillet, en même temps que deux autres prisonniers, Khader al-Dalu de Bethléem et Salim al-Rajoub de al-Khalil/Hébron. Al-Dalu et Rajoub ont suspendu leur grève le 15 juillet après qu’il leur a été dit que leur détention administrative en cours serait la dernière et qu’elle ne serait pas renouvelée. Ces grévistes sont maintenus en détention au secret à la prison d’Ofer, où ils ont été déplacés après avoir lancé leur grève.
Parmi ceux détenus en détention administrative il y a deux mineurs et la parlementaire palestinienne Khalida Jarrar, dont la détention administrative à été récemment prolongée d’une durée supplémentaire de quatre mois. Plus de 275 organisations de par le monde ont apposé leur signature sur une déclaration collective demandant la libération immédiate de celle-ci et l’abolition de la détention administrative.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers
Photo : Hassan Shokeh. Asra Media
Comments are closed.