STRASBOURG – François Alfonsi, ancien député corse, a rendu visite aux grévistes de la faim pour demander la fin de l’isolement imposée au leader kurde Abdullah Ocaln.
Alfonsi a critiqué la politique de la France et a déclaré que la situation au Moyen-Orient devait être traitée différemment en Europe, reconnaissant ainsi les vrais amis et condamnant les régimes autoritaires opprimant leur peuple, en particulier les femmes.
Les grévistes de la faim en sont à leur 70ème jour et leur santé ne cesse de se détériorer.
Alfonsi a évoqué une lettre adressée par les six députés français au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, au sujet de la grève de la faim à Strasbourg.
La lettre soulignait que 14 activistes étaient en grève de la faim depuis le 17 décembre à Strasbourg, demandant la fin de l’isolement du leader du peuple kurde, Abdullah Oclan, et que cet isolement était contraire à toute loi internationale.
Alfonsi a rappelé qu’au cours de la période d’envoi de la lettre, 7 militants étaient dans un état critique et que le coprésident du KCDK-E Yüksel Koç avait été conduit à l’hôpital.
Alfonsi a réitéré la demande des manifestants de mettre fin à l’isolement du dirigeant kurde, emprisonné en Turquie depuis 20 ans. Il a noté que la grève de la faim à Strasbourg faisait suite à celle lancée par la députée HDP, Leyla Guven.
Alfonsi, qui a rappelé à la semaine dernière que les Kurdes vivant en Europe avaient organisé une grande marche à Strasbourg, a déclaré: « Les militants kurdes sont extrêmement déterminés et prêts à se sacrifier. Fidan Dogan, qui les a représentés lors de mes fonctions parlementaires au PE, a été assassinée en 2013 par des agents des services secrets turcs. La grande marche de Strasbourg à cette époque était également dédiée à ce massacre, et il était si massif. Le peuple kurde continue de se battre ici dans la diaspora et au Kurdistan.”
Le silence des médias et les menaces d’invasion du Rojava
Alfonso a condamné le silence des médias et des institutions et a ajouté que « ce silence s’applique également aux menaces proférées par l’Etat turc pour envahir le Rojava ».
Alfonsi a attiré l’attention sur les menaces d’occupation de l’État turc à destination de la région administrative autonome du Rojava, juste après la déclaration du président américain Donald Trump de retirer ses troupes de Syrie.
Alfonsi a critiqué la politique de la France et a déclaré que la situation au Moyen-Orient devait être traitée différemment en Europe, « reconnaissant ainsi les vrais amis et condamnant les régimes autoritaires opprimant leur peuple, en particulier les femmes. »
Sources : Kurdistan au féminin / ANF News
BACKGROUND – TURQUIE – 317 prisonniers politiques sont en grève de la faim illimitée depuis le 16 décembre pour exiger la fin de l’isolement et la libération du dirigeant kurde Abdullah Ocalan.
Le 8 novembre, la députée Leyla Guven lancée une grève de la faim pour exiger la fin de l’isolement aggravé imposé au leader du peuple kurde, Abdullah Oclan, se poursuit. Les grèves de la faim déclenchées le 16 décembre dans 10 prisons avec 35 prisonniers se sont étendues à 62 prisons.
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Dimanche 24 février 2019, Six députés, dont Jean Félix Acquaviva, François Pupponi et Paul Molac, ont écrit au Ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères Jean Yves le Drian pour l’alerter sur « la situation critique dans laquelle se trouvent plusieurs militants kurdes à Strasbourg suite à la grève de la faim qu’ils ont entamée le 17 décembre 2018 en protestation contre le régime d’isolement imposé par le pouvoir turc au leader kurde Abdullah Ocalan en violation de toutes les règles internationales ».
Au moment où cette lettre a été envoyée « sept des quatorze grévistes de la faim se trouv(ai)ent déjà en état critique et le co-président des associations kurdes d’Europe a(vait) dû être hospitalisé d’urgence ».
Le 12 février, le quotidien Dernières Nouvelles d’Alsace explique : « ils ne se nourrissent pas depuis le 17 décembre mais boivent de l’eau, du thé, de la tisane, prennent du sucre, du sel et de la vitamine B1, sous le contrôle d’un médecin ».
Leur demande : « qu’Abdullah Ocalan, leader kurde emprisonné depuis le 15 février 1999, il y a tout juste 20 ans, soit sorti non pas de sa prison turque, mais de l’isolement ».
Leur grève de la faim sur le territoire français, à deux pas du Parlement européen, fait écho à celle qui est menée par Leyla Güven, députée HDP élue du Kurdistan, commencée il y a plusieurs mois alors qu’elle était encore emprisonnée. Elle a été libérée depuis.
Ces grèves de la faim ont été prolongées ce week-end par une grande manifestation à Strasbourg de 15.000 personnes (chiffres de la police), essentiellement des Kurdes vivant en Europe.
Les militants kurdes sont exceptionnels de détermination et d’abnégation. Celle qui les représentait à Strasbourg quand je siégeais au Parlement Européen, Fidan Dogan, a été assassinée à Paris en 2013 par les services secrets turcs. Autour d’elle s’était organisée la manifestation de Strasbourg qui a lieu chaque année depuis 18 ans, toujours aussi nombreuse. Les grèves de la faim sont régulières. Le peuple kurde mène son combat au Kurdistan comme dans sa très nombreuse diaspora avec une constance qui force l’admiration. Et cela malgré un silence presque total des médias.
Ce silence institutionnel sur l’action des Kurdes en Europe s’étend bien sûr à la situation au Kurdistan-même, où la Turquie fait peser la menace d’une invasion de la Rojava, la région autonome kurde en Syrie, dès l’instant que les troupes américaines auront laissé définitivement le terrain libre comme l’a annoncé Donald Trump, malgré l’avis contraire de toute la hiérarchie militaire du Pentagone.
Cette trahison occidentale, après trois années durant lesquelles les Kurdes ont été seuls à résister à la progression de Daech, notamment lors du siège de Kobané, puis à mener l’offensive jusqu’à éradiquer le califat terroriste dont la capitale syrienne, Raqqa, a été reprise par les fantassins kurdes d’YPG. YPG, « groupe de protection du Peuple Kurde », est assimilé par Ankara au PKK de Turquie auquel Erdoggan a déclaré la guerre totale.
Face à cette menace majeure, celle de l’une invasion de leur pays par une armée turque d’occupation qui est coutumière des exactions les plus terribles, et l’héritière non repentie du génocide arménien, les dirigeants kurdes cherchent d’abord à gagner du temps, sachant que la « ligne Trump » est loin de faire l’unanimité à Washington. En effet les militaires américains savent qu’ils ont besoin d’alliés partout dans le monde et que l’irresponsabilité de Trump au Kurdistan mettra gravement en difficulté leur capacité à négocier demain les engagements dont ils pourraient avoir besoin sur d’autres théâtres d’opération.
Pour les Kurdes, la première option est de se retrancher derrière le droit international qui protège l’intégrité territoriale de la Syrie pour y négocier une autonomie kurde « à l’iraquienne ». L’autorité syrienne est toujours incarnée par Bachar El Assad, mais son pouvoir ne vaut que par le soutien de la Russie et de l’Iran qui négocient avec la Turquie pour définitivement rétablir le pouvoir de Damas dans la zone stratégique d’Idlib. Les Kurdes savent d’avance qu’ils seront les sacrifiés d’un tel accord.
Leur autre option est de chercher un « parapluie aérien » occidental comme en ont bénéficié leurs homologues kurdes d’Irak, grâce aux américains, du temps de Saddam Hussein. Les USA leur tournant le dos, ils sollicitent les Européens, particulièrement la France qui, même bien timide dans son soutien aux Kurdes, reste la puissance occidentale qui a protesté le plus fermement contre la décision de Donald Trump, et qui continue son appui aérien sur place dans le cadre de la coalition anti-Daech.
Mais la France n’a manifestement pas la volonté, ni même la possibilité, seule, d’endiguer l’offensive turque annoncée par le « sultan Erdoggan » en pleine dérive autocratique. Nul ne peut aujourd’hui prévoir les conséquences des dérives annoncées d’un pays aussi puissant économiquement, démographiquement et militairement que la Turquie. Pour les Kurdes, elles seront de toutes façons catastrophiques, et aussi pour la valeur essentielle que leur combat porte dans le monde musulman à propos de la place des femmes, enjeu stratégique pour la démocratie dans le monde.
Ces questions sont capitales. Elles devront être posées au niveau européen, de façon urgente. Et espérer que Donald Trump soit au plus vite « dégagé » à son tour.
François ALFONSI, chef-de-file de R&PS aux européennes
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