Source: www.cdkf.fr
En grève de la faim depuis le 16 décembre 2018 dans différentes prisons de Turquie, 15
prisonnier.e.s politiques membres du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et du Parti pour la
Liberté des Femmes du Kurdistan (PAJK) ont annoncé entamer aujourd’hui, 30 avril, un jeûne de la
mort, portant ainsi à un niveau supérieur la résistance contre l’isolement et le fascisme en Turquie.
Le 7 novembre 2018, la Députée du HDP Leyla Güven a commencé une grève de la faim dans la
prison de Diyarbakir, exigeant du gouvernement turc qu’il mette fin à l’isolement carcéral total
imposé au leader kurde Abdullah Öcalan qui, privé de tout contact avec ses avocats depuis 2011,
n’a eu droit qu’à deux visites de sa famille au cours des quatre dernières années. Cette action avait
pour objectif, non seulement, de mettre fin à la violation grave des droits humains résultant de
l’isolement du leader kurde et de ses codétenus dans la prison d’Imrali, mais aussi de contraindre la
Turquie à cesser sa guerre antikurde et à reprendre le processus de paix avec Öcalan et le
mouvement kurde.
Aujourd’hui, plus de 7.000 personnes, majoritairement des prisonniers politiques, participent à
ce mouvement contre l’isolement et le fascisme en Turquie. Parmi les grévistes de la faim, figurent
trois autres Députés du HDP qui mènent leur action à Diyarbakir et des dizaines de militant.e.s kurdes
et non-kurdes à travers le monde.
Dans la capitale européenne, Strasbourg, 14 personnes, dont une ancienne Députée du HDP, sont
en grève de la faim depuis le 17 décembre 2018. Elles/ils demandent aux institutions européennes,
en particulier au Conseil de l’Europe et à son Comité pour la Prévention de la Torture (CPT)
d’intervenir auprès de la Turquie, conformément à leur mission, pour mettre fin aux violations des
droits humains dans les prisons.
Tandis que l’état de santé des grévistes de la faim se dégrade dangereusement, les institutions
européennes continuent à se murer dans un silence totalement irresponsable, violant ainsi les
principes et valeurs mêmes qu’elles sont censées défendre.
Le mutisme et l’inaction des gouvernements et des institutions européennes face à la montée du
fascisme en Turquie ont conduit plusieurs personnes à se donner la mort au cours des dernières
semaines : Le 20 février 2019, un militant kurde s’est immolé par le feu en Allemagne. Et depuis le
17 mars, sept prisonniers politiques, quatre femmes et trois hommes, ont mis fin à leur vie dans
les geôles turques.
Face à ce silence qui encourage le fascisme, la dictature et la répression de toutes les oppositions
en Turquie et à l’indifférence profonde du gouvernement turc qui ignore totalement les 7.000
personnes en grève de la faim dans ses prisons, 15 prisonnièr.e.s politiques kurdes ont décidé
d’entamer aujourd’hui un jeûne de la mort.
Une fois de plus, nous appelons l’Europe et tout particulièrement le gouvernement français à rompre
le silence meurtrier et agir immédiatement, avant qu’il n’y ait d’autres morts.
Nous exigeons du Conseil de l’Europe et du CPT qu’ils accomplissent, enfin, leurs missions en
agissant auprès de la Turquie afin de mettre un terme à l’isolement que le régime d’Erdogan,
encouragé par le silence des institutions européennes, fait subir depuis des années à M. Abdullah Öcalan.
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