Mikel Barrios a été interpelé en Allemagne en 2017, puis remis aux autorités françaises. Après avoir été incarcéré pendant un an, ce Navarrais de 32 ans a été libéré sous contrôle judiciaire. Le 23 juin, il a été condamné à une peine de cinq ans de prison pour son appartenance à ETA, peine qu’il devra effectuer à la prison de Mont-de-Marsan et qu’il débute lundi 29 juin 2020.
Suite à la condamnation à cinq ans de prison contre le militant Mikel Barrios, des acteurs de la société civile et responsables politiques ont réagi en exprimant leur regret face à cette décision qui tourne le dos au contexte et processus de paix engagé au Pays Basque.
Le 29 juin, il doit se rendre à la prison de Mont-de-Marsan après que le tribunal correctionnel de Paris l’a condamné à cinq ans de prison et une interdiction de dix ans du territoire français. Cette décision n’était pas du tout attendue par les acteurs du processus de paix et membres de la délégation basque chargée des discussion avec Paris. MEDIABASK a recueilli quelques réactions qui condamnent d’une seule voix cette décision judiciaire.
Anaiz Funosas, porte-parole de Bake Bidea, qualifie la condamnation de Mikel Barrios d' »aberrante ». Elle juge « désolant » le fait que les juges aient suivi le sens des arguments « inacceptables » défendus par le parquet. Concernant l’impact que ce genre de décision peut avoir sur le travail de la délégation chargée des discussions avec Paris, elle répond : « Nous sommes conscients qu’on est face à un gouvernement qui n’est pas à la hauteur de l’enjeu. On y va avec la même conviction et détermination. On parle à nos interlocuteurs comme on parle au Pays Basque ».
Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et président de l’Agglomération Pays Basque se dit « consterné ». L’avocat de profession souligne que lorsqu’il regarde les faits reprochés à Mikel Barrios, il voit des faits correctionnels, non pas criminels. « Quand je vois dans l’échelle des peines où nous sommes allés devant le tribunal correctionnel, je me dis que le logiciel judiciaire n’a toujours pas compris ce qu’il se passe au Pays Basque depuis 2011. Cette décision me navre et m’inquiète », conclut-il.
Concernant les arguments utilisés par le parquet évoquant la découverte de caches d’armes de l’ETA, il rappelle que les acteurs du processus de paix ont toujours demandé à l’Etat de s’associer au processus de désarmement. Il souligne que l’Etat leur a laissé faire le travail et ne l’en a pas empêché. Mais il n’a pas mis la main. Il nous a permis de faire ce travail de désarmement quasi-total de l’ETA. Maintenant, considérer qu’il peut y avoir des armes, je ne dis pas que c’est faux, mais cela ne veut pas dire qu’il y a un manque de sincérité. Y a-t-il eu un attentat terroriste depuis 2011 ? Heureusement non. C’est une justice décalée », finit-il.
Frédérique Espagnac, sénatrice des Pyrénées-Atlantiques ne comprend pas la position du parquet qui a requis six ans de prison contre Mikel Barrios. « Il y a une grande incompréhension. On ne comprend pas que le parquet ne prenne pas en compte l’évolution politique, mais aussi démocratique qui a évolué au Pays Basque. C’est nier le travail de la société civile », évoque-t-elle. Elle pense que pour que la justice soit juste, elle doit aussi prendre en compte la situation qui a évolué.
Max Brisson, sénateur des Pyrénées-Atlantiques est interpellé par la dureté de la position du parquet. Mais surtout par sa constance qui l' »agace ». « La systématicité de la dureté du parquet anti-terroriste est un vrai problème ». Selon lui, « si le parquet ne tient pas en compte la société, c’est au Gouvernement de rappeler la situation politique par une instruction générale, qui ne porte pas sur des cas particuliers, mais sur le contexte dans lequel le parquet est appelé à défendre la société. On a l’impression d’avoir un copier-coller, comme si rien n’avait changé », déplore-t-il.
EH Bai a réagi par le biais d’un communiqué : »Les juges montrent leur volonté d’ancrer le Pays Basque dans une logique de revanche ». Le parti politique abertzale a qualifié la décision d’incompréhensible. Selon lui, en suivant les recommandation du procureur, les juges ont montré une volonté « d’ancrer le Pays Basque dans une vision de passé et dans une logique de revanche ». Il lui parait aussi incompréhensible que l’Etat maintienne sa posture et ne prenne pas en compte la demande de toute une société. « Avec une justice basée sur la revanche, quel est le message qu’ils souhaitent adresser au Pays Basque ? », interroge-t-il. Pour EH Bai, « il est temps de faire des pas en faveur d’une paix durable ».
Source: Mediabask
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