Source: Mediabask
Iñaki Arakama, Lorentxa Beyrie et Didier Aguerre s’apprêtent à sortir de prison. L’association Ipar Euskal Herriko Harrera anticipe l’accompagnement de ceux qui retourneront auprès de leurs proches au Pays Basque Nord.
Ce printemps, trois nouveaux prisonniers basques en fin de peine vont quitter leur lieu de détention. Iñaki Arakama, qui a des attaches familiales au Pays Basque Nord, sera libre le 25 avril. Lorentxa Beyrie, détenue à la prison de Roanne, sortira le 30. Pour Didier Aguerre, la date reste encore à préciser, en raison notamment du calcul du reliquat de peine. Le 12 mars, Oihan Barandalla Goñi, qui a passé son enfance à Bayonne, a quitté la prison de Lannemezan.
Avec la libération de Lorentxa Beyrie et de Didier Aguerre, ne resteront plus derrière les barreaux de l’État français que deux détenus originaires du Pays Basque Nord : Jakes Esnal et Ion Kepa Parot.
Didier Aguerre, né en 1976 et originaire de Pagolle, est incarcéré depuis septembre 2001. La même année, Lorentxa Beyrie, Kanboar née en 1975, a été arrêtée à Auch et placée en détention le 13 décembre 2001. Le Gasteiztar Iñaki Arakama est, lui, emprisonné depuis 25 ans. En mars, il a quitté la prison de Séville et a été rapproché à la prison de Zaballa, à Gasteiz. A sa sortie, il retrouvera sa famille et, à l’instar de ses camarades, une nouvelle vie.
Harrera accompagne le retour
Après de nombreuses années passées derrière les barreaux, un détenu qui sort de prison a besoin d’accompagnement pour s’adapter à sa nouvelle liberté : trouver un emploi, un logement, une mutuelle santé, passer le permis de conduire… L’association Harrera apporte aux anciens prisonniers une aide précieuse dans la réalisation de toutes ces tâches indispensables à la reprise d’une vie normale.
« Le rôle d’Harrera est d’accompagner ces prisonniers et exilés. En cas de libération sous contrôle judiciaire, nous préparons à l’avance pour chacun d’eux un dossier de recherche d’emploi ou de logement… Avant leur sortie, nous nous réunissons avec les proches et nous mettons en contact avec le détenu lui-même, pour voir de quel type d’aide ils vont avoir besoin », explique Jokin Etxebarria, membre d’Ipar Euskal Herriko Harrera. Un travail déjà réalisé avec les familles de Lorentxa Beyrie et de Didier Aguerre, afin d’anticiper leurs besoins.
L’aide peut porter sur divers aspects du quotidien des détenus libérés. Elle leur permet notamment d’effectuer un bilan médical en partenariat avec des professionnels de santé. « On les aide dans leur recherche d’emploi et on leur apporte une aide économique jusqu’à ce qu’ils obtiennent un emploi. S’ils n’ont pas conduit depuis longtemps ou qu’ils n’ont pas le permis de conduire, on les aide à faire une remise à niveau ou à passer le permis. L’objectif est de ne pas faire porter cette charge aux familles et d’apporter une aide professionnelle au détenu qui sort ou à l’exilé qui rentre ».
Au sortir, la précarité
Une aide juridique est également apportée. « Beaucoup sont libres mais ne jouissent pas de tous leurs droits civiques », souligne Jokin Etxebarria. En effet, certains anciens prisonniers ayant purgé leur peine continuent d’être considérés comme des « suspects », soit parce qu’ils figurent dans le fichier Fijait, soit parce qu’ils sont interdits de territoire français et frappés d’une ordonnance d’expulsion.
L’ancien prisonnier basque Aratz Gomez s’estime chanceux, car il a été très bien entouré à sa sortie de prison. « Tombé » à l’âge de 20 ans, il n’en est sorti qu’au bout de dix-huit ans. Il a donc passé la plus grande partie de sa jeunesse derrière les barreaux. Même si c’est sa compagne qui s’est occupée de toutes les démarches administratives, Harrera lui a été d’un soutien précieux sur le plan financier. « Je n’ai pas eu l’occasion de me construire une carrière professionnelle, donc à ma sortie, je n’avais aucun droit à l’assurance-chômage » explique-t-il à MEDIABASK.
Le diagnostic réalisé par Harrera a révélé que les anciens prisonniers et exilés, et encore plus les femmes, connaissent des conditions de vie précaires une fois dehors. L’un des enjeux majeurs pour beaucoup d’anciens détenus est celui du départ en retraite. Selon les résultats de l’enquête menée par Harrera auprès d’une centaine d’ex-détenus, un quart des personnes qui sont ou seront bientôt à la retraite ne bénéficieront pas d’une retraite à taux plein. Les autres touchent une pension plus faible. Pour les 42 participants à l’étude qui ne sont pas encore partis à la retraite, les perspectives ne sont pas bonnes, d’après l’association qui appelle les pouvoirs publics à se saisir de la question.
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