Au Chili, le prisonnier politique Mapuche est privé de liberté soit de manière préventive – pour une durée variant de six mois à neuf mois, le temps présumé de l’instruction jusqu’à la date de son procès, soit pour purger une peine du fait de sa supposée participation à des actions visant à la reconstruction du Peuple Nation Mapuche. Ces actions incluent des processus de récupération de terres, l’exercice du contrôle territorial de ces terres, des actions de résistance aux grands projets forestiers, énergétiques, routiers et touristiques destinés à être installés sur le territoire mapuche, résistance face à la répression policière ainsi que des mobilisations visant à revendiquer leurs droits politiques.
Selon ces critères, les militants mapuche ne sont pas des prisonniers de droit commun ni des délinquants ainsi que l’Etat chilien et les médias officiels les considèrent et les traitent. Par ailleurs le caractère politique des peines qu’ils subissent résulte des lois qui leur sont appliquées : la loi de sécurité intérieure de l’Etat et la loi Antiterroriste, conçue sous la dictature millitaire et légitimée aujourd’hui par ceux-là mêmes qui exigeaient à l’époque de la dictature sa suppression. Ce sont des lois destinées à protéger et perpétuer le pouvoir des groupes économiques capitalistes et des classes dominantes qui instrumentalisent l’Etat pour maintenir leurs privilèges et leur domination tant à l’encontre du peuple Nation Mapuche qu’à l’encontre du peuple chilien.
Ces dernières années, le mouvement mapuche affronte l’acharnement juridique des procureurs du Ministère Public étayé par de multiples et grossiers montages policiers ayant pour seul but d’incarcérer à tout prix ses militants. Dans plusieurs procès, ils ont été jugés pour des délits de droit commun, le Ministère Public abandonnant sa stratégie antérieure consistant à utiliser la loi antiterroriste. Ces militants sont ainsi condamnés à de lourdes peines, de manière plus facile, leur procès étant l’occasion de criminaliser leur lutte en l’assimilant à une délinquance de droit commun.
En décembre dernier a commencé le procès de Daniel Melinao, accusé de la mort d’un policier survenu lors d’un violent raid des forces spéciales dans la communauté Wente Winkul Mapu, à Ercilla dont il est le porte-parole. Détenu depuis le 25 avril 2013 en préventive et inculpé de délit d’homicide, tentative d’homicide et blessures infligées à des policiers, le Ministère Public a requis contre lui une peine de 31 ans. Cependant, faute de preuves, et grâce à de nombreux témoignages en sa faveur, il a été acquitté le 9 janvier 2014 de ces charges et libéré après 9 mois de détention.
José Ñirripil, mineur de 17 ans en 2010, détenu en 2011 à la prison de Chol Chol a été condamné, en application de la loi antiterroriste, pour avoir résisté à la police dans des propriétés privées où avait eu lieu un incendie. La défense a plaidé, en recours auprès de la Cour d’Appel de Temuco, la non-application de la loi antiterroriste à des mineurs et l’application de la Loi de Responsabilité Pénale Juvénile. L’avis favorable de la Cour a permis à ce jeune mineur d’être libéré mais assigné à résidence.
Or, en novembre 2013, alors qu’il était devenu majeur, le Tribunal de Temuco a décidé de le condamner de nouveau à une peine de 3 ans et 15 mois en rapport aux mêmes faits remontant à 2009 (incendie d’une propriété privée et d’une auberge).
Le 5 décembre dernier, trois jeunes Mapuche du Lof Chekenko, Luis Marileo Gabriel Valenzuela et Leonardo Quijón ont été condamnés pour le présumé meurtre d’un agriculteur Héctor Gallardo, alors qu’ils s’étaient rendu à la justice pour démontrer leur innocence et la faiblesse des preuves apportées contre eux.
Ils sont aujourd’hui 16 prisonniers politiques Mapuche purgeant leur peine. Mais il faut mentionner les innombrables cas qui demeurent en cours auxquels le Ministère Public souhaite appliquer la loi antiterroriste, et ne pas oublier ceux qui sont maintenus en liberté conditionelle, obligés de signer quotidiennement, ou tous les quinze jours, ou encore assignés à résidence, ce qui les empêche d’exercer librement leurs activités quotidiennes ou professionnelles, portant un coup dur économiquement à leurs familles.
Région de Los Rios
Complexe pénitentiaire de Rio Bueno
1.- Francisco Facundo Jones Hualan, Communauté Nahuel Huapi Lafken, Villa la Angostura, Puelmapu (Argentina), accusé d’une attaque incendiaire du Fonds Pisu-Pisué).
Région de la Araucanía
Centre de Privation de Liberté (CPL) de CHOL CHOL (Km 1 chemin à Chol Chol s/n)
2.- Gabriel Augusto Valenzuela Montoya, Communauté Wente Winkul Mapu, Ercilla. Détenu depuis le 3 septembre 2012, condamné pour vol avec homicide à 5 ans en régime semi-fermé.
Centre d’acceomplissement pénitentiaire (CCP) de TEMUCO (Av. Balmaceda Nº 450)
3.- Machi Celestino Cerafín Córdova Tránsito, Communauté Juan Quintupil, Vilcún. Détenu depuis le 4 janvier 2013, condamné pour incendie terroriste avec homicide. Son procès a commencé le lundi 3 février 2014. Le Ministère Public réclame une peine de prison à perpétuité qualifiée.
Centre de détention préventive (CDP) d’ANGOL (Los Confines S/N)
4.- Luis Humberto Marileo Cariqueo, Communauté Cacique José Guiñon, Ercilla. Détenu depuis le 3 septembre 2012 et condamné à 10 ans et un jour de détention pour vol avec homicide. Recours de nullité en cours.
5.- Fernando Enrique Millacheo Marin, Communauté Chequenco, Ercilla. Détenu depuis le 3 septembre 2012 et condamné à 15 ans pour vol avec intimidation.
6.- Leonardo Eusebio Quijón Pereira, Communauté Chequenco, Ercilla, détenu depuis le 3 septembre 2012 et condamné à 10 ans pour vol avec homicide. Recours de nullité en cours.
7.- José Mariano Llanca Tori, Communauté Temucuicui Autónoma, Ercilla. Détenu depuis le 16 juin 2012, condamné à 5 ans + 541 jours por incendie, vol avec violence possession illégale d’arme à feu, recel d’arme pour vol.
8.- Juan Ruperto Queipul Tori, Communauté Temucuicui Autónoma, Ercilla, détenu depuis depuis le 16 juin 2012, condamné à 5 ans pour incendie et vol avec violence.
9.- Carlos Antonio Manquel Toledo, Communauté Coñoemil Epuleo, Ercilla, détenu depuis le 16 juin 2012, condamné à 5 ans pour incendie et vol avec violence.
10.- Cristian Pablo Levinao Melinao, Comunidad Rayen Mapu, Ercilla. Détenu depuis le 27 septembre 2012. Condamné à 10 ans pour vol avec intimidation.
11. Sergio Alejandro Levinao Levinao, Communauté Curaco, sector chekenko, Ercilla. Détenu depuis le 21 septembre 2012. Inculpé de tentative d’homicide à l’encontre de policiers, de désordres publics et de possessiion illégale d’armes à feu et munitions.
Région du Biobío
Complexe pénitentiaire “El Manzano” (CP) de CONCEPCION (Chemin Concepción a Penco S/N)
12.- Ramón Esteban Llanquileo Pilquiman de Puerto Choque. Détenu depuis le 11 avril 2009. Condamné à 5 ans pour vol avec intimidation et à 3 ans pour tentative d’homicide à l’encontre d’un procureur et blessures graves causées à du personnel de la Police d’investigation.
13.- Camilo Hipólito Toris Quiñinao, Communauté Autónoma Temucuicui, Ercilla. Détenu depuis le 10 mai 2012, condamné à 6 ans pour vol avec intimidation.
14.- Héctor Javier Llaitul Carillanca, de San Juan de la Costa, détenu depuis le 15 juillet 2009, condamné à 10 ans pour vol avec intimidation, et plus de 4 ans pour tentative d’homicide à l’encontre d’un procureur et et blessures graves causées à du personnel de la Police d’investigation.
Centre de Détention préventive (CDP) de LEBU (José Joaquín Pérez N°775)
15.- Emilio Berkhoff Jerez, Temuco Warria, militant de la Causa Mapuche, il est étenu depuis le 15 mai 2013, et condamné à 541 jours pour agression à l’encontre de policiers.
CONCLUSION
La réactualisation permanente de cette liste est due principalement à de nouvelles détentions et aux changements de mesures de détention qu’affrontent les prisonniers politiques mapuche.
Ces informations sont obtenues grâce aux visites effectuées dans les différentes prisons par les membres des communautés et l’aide de personnes solidaires de leur lutte ainsi qu’au travail remarquable du site de l’organisation Meli Wixan Mapu -) http://meli.mapuches.org
Terre et Liberté pour Arauco – 12 février 2013 – libertadarauco@gmail.com
Sites d’information :
www.mapuexpress.org
adkimvn.wordpress.com
www.paismapuche.org
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