Editorial de Saoirse – Irish Freedom, février 2014
Martin Corey a été libéré de la prison de Maghaberry, dans le comté d’Antrim, le 15 janvier 2014, après avoir été interné pendant presque quatre ans sur l’ordre du secrétaire d’Etat britannique. En Avril 2010, Martin fut arrêté dans son domicile à Lurgan, dans le comté d’Armagh), sur l’ordre de Shaun Woodward, secrétaire d’Etat [à l’Irlande du Nord] à ce moment et amené directement à la prison de Maghaberry, sur le fondement de prétendues preuves secrètes et d’allégations, au contenu et à l’origine indéterminées, sur son engagement républicain et sur le fait qu’il serait un “risque pour le public”. Selon un porte-parole de Republican Sinn Féin : “Il a été emprisonné sans passer par la case justice, depuis son arrestation il n’a jamais été interrogé sur quelque incident que ce soit et de fait ses avocats n’ont jamais pu consulter ni contester les preuves secrètes à son encontre qui ont été présentées au Parquet.” Lors d’une audience en 2012, il avait été fait vaguement référence à un certain “agent provocateur” qui aurait informé les forces de la couronne britannique sur Martin, ses mouvements et ses contacts.
Le juge avait demandé s’il existait des preuves de ces alléguations, et l’accusation représentant l’Etat britannique avait fait référence aux papiers signés de secrétaire d’Etat qu’il avait par-devers lui, papiers considérés comme relevant de la sécurité nationale. Le juge lui avait alors répondu qu’il avait affaire à deux séries de preuves, l’une publique et l’autre secrète. L’accusation fit alors référence à un cas antérieur concernant Martin Corey, qui contestait sa détention, et dans lequel cet “agent provocateur” avait fourni des preuves lors d’une session non-publique. Comment peut-on considérer comme légal, même sous la loi britannique en Irlande, le fait qu’un juge ne puisse pas voir le matériel qui est censé fonder son jugement? La réponse est sans doute à trouver dans ce qui eut lieu par la suite, car après que le juge eut fait plusieurs références aux lois qui gouvernent ce genre de choses en Angleterre, l’accusation répondit : “Eh bien, voilà la façon dont on fait les choses ici en Irlande du Nord ».
Martin a donc été libéré de prison mais il n’est pas libre. Même si certaines conditions qui accompagnent sa libération sont incertaines et inconnues, ce qui est certain c’est qu’il n’a pas le droit de vivre chez lui à Lurgan et que personne, ni lui ni personne parmi ses associés, y compris son avocat, n’a le droit de parler aux médias de ses conditions de libération. Martin a été libéré de prison sous le couvert de la nuit, par la sortie de derrière et emmené dans une voiture sans plaque d’immatriculation à la gare de Moira, où il fut pris en charge par son avocat et conduit vers une destination secrète.
Cait Trainor, présidente du comité de soutien pour la libération de Martin Corey, a dit dans une interview à la BBC : « Il est clair que la perpétuation de l’emprisonnement de Martin Corey était politiquement embarrassant pour le ministère à l’Irlande du Nord (Northern Ireland Office – NIO), et sa libération eut lieu de façon à ce que le minimum de publicité ne l’accompagne ». Dans un communiqué, le NIO a déclaré que le ministère public avait décidé de libérer Martin Corey en conditionnelle : « ces conditions visent à gérer les risques que cette libération entraîne ».
Cela étant, Peter Murphy, l’avocat de Martin, a fait remarquer ce qui suit : « Etant donnés les obstacles placés devant Martin Corey, ses défenseurs, et la nature kafkaïenne de ce processus juridique, nous demandons à tous ceux qui sont dans leur bon sens de réfléchir un instant à ce système où le droit fondamental à la liberté des personnes peut être aboli d’un trait de plume sans qu’il y ait moyen de contester ces assertions. » Il ajouta : « En tant qu’avocat de la défense, c’est un sacrilège pour nous de voir qu’un homme peut perdre presque quatre ans de sa vie sans jamais entendre quelque précisions que ce soit concernant les accusations portées contre lui, et sans connaître celui qui l’accuse. »
Martin avait été condamné à de la prison à perpétuité en 1973 pour sa participation au meurtre de deux agents du RUC par l’IRA, mais il fut libéré en 1992. Depuis, Martin était redevenu un visage familier dans sa ville natale de Lurgan. Il travaillait avec son frère (aujourd’hui décédé) et avait repris le fil de sa vie. Rien ne l’avait préparé à sa ré-arrestation et à son internement subséquent. L’arrestation et la détention de Martin Corey pendant presque quatre ans fait partie de la politique consistant à « attaquer » et emprisonner ceux qui s’opposent au processus en cours de normalisation de l’entité artificielle par l’Etat britannique.
L’internement en préventive est banalisé et n’est utilisé que contre les républicains dans les 6 comtés occupés. En mai dernier, les avocats de Martin Corey avaient dit qu’ils allaient contester sa détention auprès de la cour européenne des droits de l’homme. Ceci reste une option.
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