Article paru dans le Belfast Telegraph du 25 février 2014
Un militant républicain qui avait posté sur facebook des photos de policiers vient d’être acquitté de l’accusation de terrorisme qui pesait contre lui, suite au verdict d’un juge qui a conclu qu’il n’y avait dans cette affaire aucune preuve d’intention criminelle.
Stephen Murney, officier de presse [responsable des relations extérieures] du parti Eirigi a accusé la police et le parquet de l’avoir interné en préventive, lui qui a passé « 14 mois en prison pour rien » après avoir été innocenté hier. M. Murney, qui vient du quartier de Derrybeg Terrace à Newry, avait été emprisonné l’année dernière sur le fondement de sept chefs d’inculpation, dont la possession, la collection, la publication d’informations susceptibles d’être utilisées à des fins terroristes, entre le mois d’août 2011 et le mois de juillet 2012
S’adressant au public à la sortie du tribunal, après avoir été acquitté de toutes les accusations, M. Murney a remercié ses avocats et a dit que sa détention était un « internement en préventive », avant de s’engager à reprendre son poste d’officier de presse d’Eirigi. Pendant le procès sans jury tenu au tribunal de la Couronne à Belfast, le Parquet a affirmé que ces photos avaient été trouvées sur un ordinateur accompagnés de deux vidéos sur un Iphone, pendant la perquisition de son domicile à Newry en novembre 2012.
En effet, M. Murney avait pris des photos de policiers en juin 2012 au moment du passage en ville de la torche olympique qui avait été l’occasion d’une manifestation de soutien aux prisonniers républicains et contre les fouilles intégrales menées à la prison de Maghaberry. M. Murney, qui était à ce moment l’officier de presse d’Eirigi, avait participé à cette manifestation et avait par la suite posté les photos sur son compte facebook. Il avait d’autre part publié des photos le montrant en train de se faire arrêter et fouiller par la police, et des photos de visages de policiers encadrant la parade du 12 juillet à Newry.
Lors de la perquisition de son domicile en novembre 2012 avaient été découverts des photos de policiers en service, à Newry et Belfast et une vidéo d’une minute d’une opération de police sur l’autoroute A1, pendant laquelle un mini-bus soupçonné de transporter des explosifs avait été arrêté et fouillé. Lorsqu’à l’audience au tribunal, on lui demanda de s’expliquer au sujet de cet incident, M. Murney a déclaré qu’il y avait des enfants à bord et que leurs parents lui avaient demandé l’assistance d’Eirigi, en précisant que son intention était d’enregistrer la scène en vidéo.
S’appuyant sur des preuves, M. Murney a montré que ces photos ne pouvaient pas servir à des fins terroristes, expliquant qu’il les possédait pour faire ses comptes rendus en qualité d’officier de presse. Lorsqu’on lui demanda la raison des photos le montrant en train de se faire arrêter et fouiller, M. Murney expliqua qu’il enregistrait l’incident pour transmettre ce témoignage au Comité pour l’Administration de la Justice, étant donné qu’il considère qu’il subit un harcèlement de la part de la PSNI [police de l’entité d’Irlande du Nord]. La juge Corinne Philpott a dit : « Il n’y a pas de preuve qu’eirigi soutienne la violence ou défende l’idée d’actions violentes contre la police, ou que l’organisation ait un lien direct avec ceux qui soutiennent l’activité terroriste. » Elle a affirmé que le Parquet avait échoué à démontrer son accusation et a jugé que l’accusé était acquitté.
Une déclaration faite par la suite au nom de M. Murney affirmait ce qui suit : « Même s’il était parfaitement clair dès le début que ces accusations étaient sans fondement aucun, la PSNI et le Parquet ont persévérer dans leurs chicanes juridiques pour finir par me faire emprisonner à partir de décembre 2012. On ne saurait définir autrement ces chicanes que comme de l’« internement en préventive »
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