C’est peu après la visite au Chili de M. Ben Emmerson, Rapporteur Spécial auprès des Nationa Unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme et les libertés fondamentales, que Rodrigo Elicer Melinao Lican, membre de la Communauté Rayen Mapu, a été assassiné, mardi 6 août 2013, sur sa terre dans la commune d’Ercilla. Il est la neuvième victime de la violence de l’État chilien.
Durant des années, Rodrigo Melinao Lican a été persécuté par l’État chilien de même que d’autres jeunes Mapuche qui, en raison de leurs revendications de leurs terres usurpées, subissent avec leur famille des raids policiers constants accompagnés d’interpellations brutales, d’arrestations arbitraires, de longues détentions préventives, de montages policiers et judiciaires, certains d’entre eux se retrouvant en clandestinité.
C’est à partir du gouvernement du Président Ricardo Lagos puis de celui de la Présidente Michelle Bachelet qu’a été appliquée, à l’encontre des membres de communautés mapuche militant pour recouvrer leurs terres, la loi antiterroriste du dictateur Pinochet et qu’a été militarisé leur territoire appelé aussi « Wallmapu ».
C’est durant ces deux gouvernements pseudo-démocrates qu’ont été assassinés Jorge Antonio Suarez Marihuan et Edmundo Alex Lemun Saavedra (2002), Julio Alberto Huentecura Llancaleo (2004), Xenon Alfonso Diaz Necul (2005), Juan Lorenzo Collihuin Catril (2006), Jhonny Cariqueo Yañez (2008), Matias Catrileo (enero 2008), Jaime Facundo Mendoza Collio (2009) et, le 6 août 2013, Rodrigo Melinao. Toutes ces personnes étaient engagées dans la récupération des terres et des droits du peuple mapuche.
Ce dernier crime commis sous un gouvernement de droite montre que la « gauche » et la droite chiliennes ont les mêmes intérêts à protéger. Les revendications par les Mapuche des terres qui leur ont été arrachées constituent une menace pour la grande industrie forestière dans laquelle une partie de la classe politique détient ses propre intérêts.
Rappelons que, depuis 2 ans, le Président Sébastien Piñera s’est fortement impliqué à mettre en œvre, avant la fin de son mandat, la prolongation pour 20 ans du Décret-Loi 701 Fomento Forestal (Développement forestier) imposé par la junte militaire de Pinochet en 1974.
Malgré de nombreuses manifestations, démarches et lettres de protestation émises par une demi-centaine d’organisations sociales, syndicales, environnementales, universitaires, de communication radiales, de communautés rurales et de peuples originaires – et largement tues par les médias officiels – le projet de loi a été approuvé, en 2013 par la majorité des députés et sénateurs. Maintenant le peuple mapuche se trouve face à un nouvel assaut d’expulsion. L’extension pour 20 années du décret forestier 701 offre une plateforme légale à la poursuite de l’enrichissement des entreprises forestières qui, depuis son instauration en 1974, ont exproprié de vastes étendues du territoire mapuche, éliminant les forêts d’arbres natifs, érodant le sol, asséchant les nappes d’eau souterraines et différentes sources d’eau.
Malgré tous ces meurtres de militants mapuche, la lutte pour la récupération de leurs terres continue et continuera.
Nous manifestons notre entière solidarité à la famille de Rodrigo Melinao Lican, à la communauté Rayen Mapu, à toutes les communautés du lof Chenquenco, aux communautés de Temucuicui dont les terres en récupération productive viennent de subir un vaste incendie et au Peuple Nation Mapuche en général.
FIN DE LA MILITARISATION DES TERRES DES COMMUNAUTES MAPUCHE
FIN DES MONTAGES POLICIERS, DE LA LOI ANTITERRORISTE A L’ENCONTRE DES MAPUCHE
RESPECT DANS SON INTÉGRALITÉ DE LA CONVENTION 169 DE L’OIT signée par l’Etat chilien.
Terre et Liberté pour Arauco
Sources d’information : http://www.mapuexpress.net/ – http://collectif.mapuche.over-blog.com/
Le 24 septembre 2013, la famille de Rodrigo Melinao a découvert et dénoncé la profanation de sa tombe située dans le cimetière de Chequenco, près de la communauté Rayen Mapu, à Ercilla, où résidait Rodrigo Melinao. La tombe avait été vandalisée, une croix brûlée ainsi que quelques fleurs et des photographies.
Le 24 novembre 2013, pour la seconde fois, la tombe de Rodrigo Melinao a été profanée. Selon son frère, German Melinao, le dimanche 24 novembre, deux de ses proches, Francisco Likan et Hernan Melinao, ont constaté la profanation de sa sépulture dont des décorations florales et des messages de souvenirs avaient été détruits et la disparition du drapeau emblème de la lutte du peuple mapuche.
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