En 1978, lors d’un entretien accordé au journal Le Matin, Andrew Young, membre de la communauté africaine-américaine, alors ambassadeur des États-Unis à l’O.N.U., avait déclaré: « Il y a des centaines, peut-être même des milliers, de prisonniers politiques dans les prisons américaines ». Cette phrase lui valut d’être révoqué sur le champ par le président Carter.
Bien sûr, il ne saurait y avoir de prisonniers politiques aux États-Unis, pays de la liberté d’expression. Pourtant, ces centaines, ces milliers, d’hommes et de femmes ont été arrêtés et jetés en prison, certains mêmes condamnés à mort, à cause de leurs idées politiques ou de leur lutte pour les droits civiques.
Ils ont été souvent victimes du programme COINTELPRO (Counter Intelligence Program / programme de contre-espionnage interne), appliqué par le FBI de 1956 à 1971. Le FBI inventait contre eux des charges criminelles, sur la base de faux témoignages, de dissimulation de preuves, de refus de recours ou de pourvoi…
Bien que le programme COINTELPRO ne soit plus officiellement en vigueur aujourd’hui, les méthodes du FBI demeurent les mêmes. Les militants se retrouvent isolés, traités par la presse et la justice d’assassins, de drogués, de membres de ganges, de terroristes…. ce qui rend difficile les mouvements de solidarité.
La presque totalité de ces prisonniers appartient à des minorités ethniques et le racisme ambiant, exacerbé par la crise économique, rend leurs causes encore plus difficiles à défendre. On compte également parmi ces prisonniers politiques un certain nombre de Blancs emprisonnés à cause de l’aide pratique qu’ils ont apportée à l’action de ces minorités ou pour des actions radicales de transformation sociale .
Les prisonniers politiques sont, pour la plupart, incarcérés dans des Unités de contrôle, destinées à « mater les fortes têtes et les meneurs ». Le plus tristement célèbre de ces pénitenciers « spécialisés » est celui de Marion (Illinois) où par exemple le prisonnier politique amérindien Leonard Peltier a été été incarcéré dans le passé. En 1975, son directeur, Ralph Aron, déclarait: « L’objectif de l’Unité de contrôle de Marion est de maîtriser les comportements révolutionnaires dans le pénitencier et dans la société extérieure. » (sic!) En 1987, Amnesty International a publié un rapport condamnant le pénitencier de Marion dans des termes extrêmement sévères. ce rapport concluait que les pratiques de Marion violaient « les règles minimales des Nations Unies pour le traitement des prisonniers » et ajoutait que les conditions carcérales à Marion constituaient « un traitement cruel, inhumain et dégradant, condamné par la Constitution des Etats-Unis et par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de l’ONU ».
Dans ce pénitencier, la plupart des hommes sont enfermés dans leur cellule 22 à 23 heures par jour, isolés des autres prisonniers. Ils subissent des brutalités physiques et psychologiques: passages à tabac, fouilles rectales et autres mesures dégradantes. les prisonniers sont souvent allongés enchaînés sur leur lit, parfois durant plusieurs jours. les visites sont très limitées, tout comme le droit de recevoir des lettres ou des fournitures pour écrire. la nourriture est insuffisante, l’accès aux soins médicaux minimal. Le pénitencier est surveillé par des gardes réputés pour leur brutalité. Les effets suicidaires de l’isolation sensorielle et des programmes de « modification du comportement » qui y sont pratiqués sont alarmants. Cette Unité de Contrôle avait dans les année 1990 un taux de suicide cinq fois supérieur au taux national ».
Deux prisonniers politiques sont emblématiques aux USA, d’un côté Leonard Peltier, amérindien Sioux-lakota / Anishinabe, militant de l’American Indian Movement (AIM), qui a été condamné en 1977 à deux peines à vie consécutives, de l’autre son frère de lutte, Mumia Abu Jamal, journaliste africain-américain, ancien membre des Black Panthers, qui après de nombreuses années dans les couloirs de la mort de Pennsylvanie a vu sa peine commuée à la prison à perpétuité sans possibilité de remise de peine. Ils sont la preuve, comme bien d’autres, qu’il existe toujours des prisonniers politiques aux USA.
Au Canada,même si la répression n’a pas la même ampleur, ce sont également, des militants qui luttent pour les droits sociaux ou des membres des différentes « Warrior societies » (sociétés de guerriers autochtones qui luttent pour la défense de leurs territoires ou environnements) qui se retrouvent régulièrement devant les cours de justice.
FREE LEONARD PELTIER ! FREE MUMIA ABU JAMAL ! FREE THE MOVE 9 & ALL POLITICAL PRISONERS !
Un réseau existe aux USA en faveur des prisonnier.e.s politiques, c’est le National Jericho Movement (Mouvement Jericho) : http://www.thejerichomovement.com/
Comments are closed.