Une militante du 20-Février, mouvement né au Maroc durant le Printemps arabe, a vu mardi sa condamnation alourdie en appel par un tribunal de Tanger, à deux ans de prison ferme, pour « allégation mensongère de torture », selon une ONG locale.
Un autre militant, Boubker Khamlichi, poursuivi pour « complicité » dans le cadre de la même affaire, a été condamné à un an de prison avec sursis après avoir été innocenté en première instance, a indiqué le président de l’Association marocaine des droits humains (AMDH, indépendante), Ahmed el Haij.
Wafaa Charaf avait été condamnée en août à un an de prison et avait écopé de 50.000 dirhams de dommages et intérêts et d’une amende de 1.000 dirhams.
La jeune femme avait porté plainte affirmant avoir été « enlevée » en avril dernier et « jetée dans une voiture banalisée » après une manifestation à Tanger, où elle réside. Elle avait ajouté avoir « été torturée » puis « abandonnée au bord d’une route », en périphérie de la ville.
Arrêtée à son domicile, Mme Charaf a été présentée le 4 août devant un juge d’instruction puis accusée « d’allégation mensongère de torture » et d’ »atteinte à la police ».
D’après le site internet de l’hebdomadaire Tel Quel, le parquet a fait valoir l’existence « d’enregistrements téléphoniques » et de témoins contredisant les « allégations » de la jeune femme.
Au moment de sa condamnation en première instance, son avocat, Me Mohamed Sadqo, avait dénoncé un « verdict politique injuste », en « violation de la constitution marocaine et des conventions internationales contre la torture que le Maroc a signées ».
En réponse aux critiques d’ONG, les autorités marocaines reconnaissent l’existence de « cas isolés » de torture mais assurent qu’il n’existe plus de « pratique systématique ».
« Le Maroc avance et nous sommes ouverts aux remarques des ONG », a déclaré le mois dernier le ministre de la Justice, Mustafa Ramid, notant qu’un jugement avait récemment été annulé à Agadir après que des actes de torture contre un prévenu eurent été prouvés.
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