Les Palestiniens ont sonné l’alarme lundi, après une nouvelle dégradation de l’état de santé du journaliste palestinien Mohammed al-Qiq, en grève de la faim depuis près de 50 jours pour dénoncer sa détention par Israël.
M. Qiq (33 ans), reporter de la chaîne saoudienne Al Majd, marié et père de deux filles en bas âge, a été placé mi-décembre par Israël en détention administrative, un régime extrajudiciaire qui permet la détention sans inculpation ni procès pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment. Il avait été arrêté le 21 novembre à son domicile à Ramallah, le siège de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée. « A deux heures du matin, il a été menotté et ses yeux ont été bandés » avant d’être transféré au siège du commandement militaire israélien qui jouxte Ramallah, a rapporté l’ONG palestinienne de défense des détenus Al-Dammeer.
Le 25 novembre, il a annoncé une grève de la faim pour dénoncer la « torture » et les « mauvais traitements » qu’il dit subir en prison, selon Al-Dammeer. Depuis, il ne prend que de l’eau et son état de santé se dégrade alors qu’il refuse d’avaler des compléments vitaminés. Il est « constamment attaché à son lit avec des chaînes et des menottes », selon l’ONG. Mi-décembre, M. Qiq a été transféré à l’infirmerie de la prison de Ramleh, sud d’Israël, puis le 30 décembre à l’hôpital d’Afoula (nord).
« Hier, des médecins ont examiné mon mari et lui ont fait des prélèvements sanguins », a indiqué son épouse Fayha Chalach à l’AFP. « Il vomit du sang et a perdu 25 kilos ». « S’il tombe dans le coma, ils le nourriront par intraveineuse », a-t-elle ajouté alors que la question de la nourriture administrée de force aux Palestiniens grévistes de la faim fait débat en Israël.
Le Parlement israélien a récemment adopté une loi controversé autorisant l’alimentation de force des prisonniers en grève de la faim si leur vie est en danger, après que deux détenus palestiniens ont frôlé la mort en refusant de s’alimenter pendant deux mois. Les Palestiniens ainsi que des médecins israéliens ont dénoncé un texte encourageant la « torture ».
En 2003, M. Qiq avait été détenu un mois sans procès, de même qu’en 2004 (13 mois), puis en 2008, il avait été condamné à 16 mois de prison pour avoir milité au sein du Conseil étudiant de son université, la justice israélienne l’accusant d’appartenir à un organisme affilié au Hamas.
Le Club des prisonniers palestinien a de son côté affirmé que trois autres détenus observaient actuellement des grèves de la faim, dont un ressortissant jordanien et deux Palestiniens.
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