Niculaiu Battini est un jeune patriote corse incarcéré depuis mai 2013. Membre du mouvement de jeunes indépendantistes Ghjuventù Indipendentista, il a été élu membre du Conseil de l’UFR de Lettres de l’Université de Corse en janvier dernier, alors qu’il était incarcéré. Malgré de nombreuses brimades de l’Administration Pénitentiaire, Niculaiu est toujours resté droit et fidèle à ses convictions. Son procès a débuté mercredi 28 septembre devant la Cour d’Assises Spéciale de Paris. Celui-ci doit durer 8 jours. Niculaiu refuse de répondre aux questions de la Cour mais a tenu à lire une déclaration à l’ouverture de ce procès. La voici :
Mesdames et messieurs les magistrats de l’État français,
Je m’appelle Niculaiu Matteu Michele Battini. Je suis né à Paris le 12 septembre 1993 au sein de la diaspora Corse et ai grandi entre Bustanicu et Corti, en Corse, de mes 4 ans jusqu’au jour de mon incarcération à l’âge de 19 ans.
Je suis actuellement étudiant par correspondance en troisième année de licence langue, littérature et civilisation étrangères et régionales à l’Università di Corsica.
Membre refondateur de la Ghjuventù Indipendentista, nommé militant d’honneur durant l’Assemblée Générale de juillet 2013, j’ai été élu représentant par les étudiants de la filière Lettres lors des élections générales de janvier 2016. Je suis incarcéré depuis le 31 mai 2013 et ai aujourd’hui 23 ans.
J’accepte de comparaitre devant vous en tant que prisonnier politique, réfutant d’avance tout abus de langage tel que l’emploi du mot infâme de « terroriste ». J’entends parler au nom des milliers de jeunes patriotes qui partagent nos aspirations identitaires, progressistes, sociales et émancipatrices. Les trahisons de quelques vils personnages, hier encore du côté de ceux qu’ils accusent désormais, vous ont permis de me confondre et de me faire connaitre trois ans et demi d’exil carcéral avant ce procès.
Aujourd’hui, à visage découvert, j’assume mes responsabilités et les conséquences de mes actes sans vous opposer d’autre arme que cette déclaration.
J’ai rallié la cause du peuple corse en sachant parfaitement à quoi je m’exposais. Ce n’est pas ma personnalité ou de prétendus penchants agressifs qui m’ont poussé à soutenir et promouvoir des moyens de lutte violents et illégaux. Je suis en effet moins passionné de fusils que de poésie ou de littérature. Il serait vain, hypocrite et pour le moins ridicule d’évoquer la résistance clandestine en la réduisant à un vulgaire maillage de profils psychologiques douteux sans parler jamais du contexte conflictuel qui l’a rendu nécessaire. Si des patriotes corses ont fait usage des armes contre l’État que vous représentez, deux siècles et demi d’oppression linguistique, de laminage culturel et d’autoritarisme centraliste en ont été la raison. La nation corse existe et ne sera jamais le morceau d’un autre pays. L’Histoire nous a légué une langue, un drapeau, une terre, un héritage national et le devoir de défendre nos droits naturels à l’autodétermination dans l’Europe des peuples face à ceux qui vont jusqu’à nier notre existence.
« La Corse n’est pas un département français, c’est une nation vaincue qui va renaitre » écrivait Saveriu Paoli en 1914. Un siècle plus tard, en décembre 2015, par le vote de la démocratie, au terme d’une longue période de résistance et de lutte, le peuple corse a fait de ce vœu pieu une réalité en élisant un gouvernement nationaliste. La Catalogne, le Pays Basque, l’Écosse, l’Irlande du nord, la Corse et tant d’autres pays, partout en Europe se réveillent les nations culturelles contre les états nations, la diversité linguistique contre le monolinguisme, la démocratie locale contre la technocratie centralisée. C’est inéluctable, le peuple corse sera reconnu et rétabli dans ses droits.
Je paierai le prix de cet engagement sans aucun regret. Je déclare n’avoir qu’un seul pays, la Corse. Je confirme mon engagement patriotique, mon soutien actif à la résistance et mon adhésion au processus de démilitarisation initié par le FLNC en 2014. J’affirme que ma fidélité est acquise à l’actuel gouvernement corse, ce dernier étant la seule autorité politique devant laquelle je ploierai le genou. Pour finir, mon honneur de patriote m’interdit de reconnaitre la légitimité de cette Cour. Elle peut me condamner lourdement et me contraindre à purger ma peine mais elle n’est pas en mesure d’obtenir mon consentement, ma soumission ou le reniement de mes idées. J’assume tout ce que j’ai pu dire, écrire ou faire, avant et durant ma détention, au service de mon pays. Faites votre devoir, mesdames et messieurs les membres de la Cour. Je suis pour ma part convaincu d’avoir fait le mien.
Source : Facebook
Retrouvez également une émission radio consacrée en partie à Niculaiu Battini : Radio Paese
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