Depuis les années 1960, la lutte multiséculaire opposant le peuple travailleur basque aux Etats impérialistes espagnol et français était notamment connue pour la résistance armée de l’organisation révolutionnaire ETA, née dans un Pays basque sud opprimé par un régime fasciste. Lors de la chute de ce régime dont elle a été l’actrice essentielle, la gauche indépendantiste basque n’a pas cautionné la prétendue « transition démocratique » imposée par un roi désigné par l’ancien dictateur et soutenue par tous les grands partis politiques espagnols. Pour le mouvement révolutionnaire, profondément enraciné dans la société basque et menant le combat sur tous les fronts : syndical, social, culturel, antisexiste, antiraciste, etc., la lutte ne pouvait se satisfaire d’un simple changement de façade !
Plus de 35 ans après la mort de Franco, l’analyse politique de la gauche indépendantiste basque s’est vérifiée. Les atteintes aux droits individuels et collectifs sont toujours à l’ordre du jour dans le Royaume d’Espagne. Les assassinats, la torture, l’incarcération et la dispersion de militantes et militants politiques, l’interdiction d’organisations politiques ont rythmé ces décennies « démocratiques ». En plus du non-respect des droits nationaux du Peuple basque, notamment du droit à l’autodétermination, l’Etat espagnol, qu’il soit gouverné par le Parti socialiste ou le Parti populaire, a mené une politique économique désastreuse, sur fond de spéculation financière et immobilière. L’actuelle crise systémique du capitalisme et les réponses apportées par les différents gouvernements (coupures budgétaires, licenciements, etc…) ont montré la faillite du projet politique espagnol.
Dans ce contexte, la lutte pour l’indépendance et le socialisme est plus que jamais légitime. Après plus de 10 années d’illégalisation et de persécution, la gauche indépendantiste a décidé d’affronter ce défi avec une nouvelle stratégie. Ainsi, à l’automne 2011, l’organisation ETA a décidé de mettre un terme définitif à ses actions armées et a proposé aux autres parties du conflit, l’Etat espagnol et l’Etat français, de négocier une solution permettant de régler les conséquences de ce conflit. Ses causes, elles, devant être discutées au sein de la société basque.
Pour cela, la gauche indépendantiste a créé de nouvelles organisations et constitué des coalitions électorales qui ont atteint près de 25 % des voix les des récents scrutins. Face à ce fort désir de changement, les Etats espagnol et français ne font pas le moindre pas vers la paix. Au contraire, en continuant leur politique répressive et en ignorant les décisions prises par une majorité de la société basque, ils démontrent une fois de plus leur nature impérialiste.
Cela se traduit notamment par le maintien en détention de plus de 500 prisonnières et prisonniers politiques ainsi que par l’exil de centaines de Basques. Récemment, la Cour européenne des Droits de l’Homme a condamné l’Etat espagnol pour la « doctrine Parot », cette décision permettant d’allonger de plusieurs années les peines de prisonnières et prisonniers devant être libérés-ées. Mais cela ne constitue qu’une des politiques répressives menées à l’encontre des prisonnières et prisonniers. Depuis 25 ans, la dispersion géographique est également pratiquée, ainsi les familles des prisonnières et prisonniers doivent parcourir plusieurs centaines de kilomètres chaque semaine pour rendre visite à leurs proches. Aussi, plus d’une dizaine de prisonniers et prisonnières sont gravement malades et doivent être libérés immédiatement. Enfin, l’organisation de soutien aux prisonnières et prisonniers politiques basques Herrira a été illégalisé par le gouvernement espagnol à l’automne dernier.
Afin d’exiger ces mesures immédiates (rapprochement géographique, libération des personnes malades…), d’importantes mobilisations ont lieu toute l’année en Euskal Herria. La plus importante d’entre elles se déroule chaque mois de janvier dans les rues de Bilbao. Celle du 11 janvier 2013 a réuni 130 000 personnes (pour un pays de 3 millions d’habitants) alors que l’Audience nationale espagnole avait interdit la manifestation la veille.
En face, la lutte du peuple travailleur basque, imprégnée des valeurs féministes, internationalistes et écologistes, continue pour la libération des prisonnières et prisonniers politiques basques, le retour des exilés et l’émancipation sociale de chacune et chacun.